#HistoiresExpatriées #1 Cannaregio, mon quartier

#HistoiresExpatriées #1 Cannaregio, mon quartier

Cet article participe à la première édition du RDV Histoires Expatriées : des blogueurs aux 4 coins du monde réunis autour d’un même thème ! En novembre, le thème est « Mon quartier ».

Août 2014.

« Je vous dépose Piazzale Roma, ça vous va ? De toutes façons, je ne peux pas aller plus loin ! »

La première fois que je suis arrivée à Venise, c’était en stop, avec une amie. Nous étions partie le matin de Ljubljana en Slovénie et après quelques galères sur une station service, nous nous étions retrouvées en voiture avec un jeune roumain installé à Venise, qui revenait du pays natal.

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Bout du monde vénitien

La chaleur intense, la foule, l’humidité du mois d’août nous avaient assaillies dès les premiers pas. Le sac à dos trempé de sueur, nous avions bifurqué dans la première calle déserte sur la gauche, pour échouer sur une fondamenta loin de l’agitation de la gare de Santa Lucia.

Je ne le savais pas encore, mais j’étais dans mon quartier.

Deux ans plus tard, septembre 2016.

« On se retrouve à Santa Lucia à 17h, je t’emmènerai visiter l’appart ! »

Arianna m’attend sur les marches de la gare. Elle porte une longue robe qui flotte derrière elle : elle a la démarche rapide des vénitiens. De nouveau la chaleur humide fait coller les vêtements à la peau, alors qu’Arianna bifurque dans la première calle déserte sur la gauche.

« C’est un raccourci ! », s’exclame-t-elle.

Le temps rembobine sa pellicule et me voilà sur la même fondamenta qu’il y a deux ans, à traverser le même pont. Cette fois-ci, j’entre dans une cour, monte au premier étage d’un immeuble, découvre que ce quartier sera mon quartier.

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Les couleurs de mon quartier

J’ai trouvé un appart à Venise.

Frontières vénitiennes

S’installer à Venise, c’est jeter une ancre dans un monde mouvant. Alors que je traverse le pont de la Constitution avec ma valise de 30 kg, chaque marche me semble le maillon d’une chaîne reliée à mon ancre.

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Mon quartier en hiver

Déménager à Venise n’est pas anodin. Chaque objet, chaque vêtement, chaque livre qui entre avec moi dans la ville apporte son poids, créée une attache.

Ma chambre, mon nouveau port, tout autour, un monde à découvrir : mon quartier.

Pour être précise, je devrais parler de Sestiere. Car Venise n’est pas divisée en quatre comme le suggère la racine du mot « quartier », mais bien en six.

Cannaregio, Castello, Dorsoduro, Santa Croce, San Polo, San Marco.

Mon petit coin familier est tout au bout du monde, dans le sestiere de Cannaregio.

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Le spot pour les amoureux de mon quartier

Mais Venise, ville hors-norme, est comme un livre pop-up. A première vue, le livre est plat, mais dès qu’on tourne la première page surgit un univers de papier en trois dimensions, une infinité de plans et de réalités qu’on n’aurait pas soupçonné.

Les ponts, les ruelles, les canaux et les sottoportego créent un réseau si dense que Venise ne s’apprivoise que lentement.

Au cœur de cette densité, au lieu de raisonner en termes de quartiers administratifs, je vois le monde divisé en îlots.

Mon quartier, c’est mon île connectée à une infinité d’autres.

Mon quartier, mon île

Mon îlot est un petit triangle entre les ponts des Tre Archi, des Guglie et le Ghetto juif.

Proche de la gare, de la Strada Nova et de l’agitation intense de ces rues, il est comme une bulle de résistance fragile et hors du monde.

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Le rio de Cannaregio au crépuscule en pause longue

Les commerces de proximité existent encore, le marchand de vin en vrac, l’épicier, le coiffeur, le bureau de tabac, la papeterie, la vendeuse de légumes, l’étal du poissonnier.

Tout au bout du quai, les plus beaux HLM du monde ouvrent leurs fenêtres sur l’espace plat de la lagune, couronné au loin par les cimes des Alpes.

Le soir aux beaux jours on sort avec les chaises en plastiques, les chiens se promènent sans laisse, les amoureux se cachent pour voir le soleil se coucher. Une voisine et son mari dînent dehors, il leur suffit de sortir leur table sur le quai. Le linge sèche dans l’air humide, à portée de main des passants.

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Vous le voyez le couple qui dîne sur le quai devant chez eux ?

Mais mon quartier, comme toute la ville de Venise, est fragile. Depuis un an, la fondamenta s’est remplie de nouveaux bars, restaurants et pizzeria. Le quai d’habitude désert est envahi de terrasses. Le bruit des roulettes des valises résonne sous mes fenêtres.

Mon quartier durera-t-il ?

Retrouvez les autres articles des participants au RDV #HistoiresExpatriées :

(la liste sera mise à jour dès que les participant.e.s m’auront communiqué leurs liens :))

Et voici une petite carte pour situer les différents quartiers sur le globe !


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