Quand j’ai créé le rendez-vous #HistoiresExpatriées (des blogueurs publient sur un même thème une fois par mois depuis l’étranger, ndlr), j’ai beaucoup hésité sur le nom. Je voulais proposer à des francophones habitant à l’étranger (c’est-à-dire dans un pays qui n’est pas celui où ils ont grandi) de raconter des histoires venues d’ailleurs. J’avais envie d’ouvrir de petites fenêtres sur d’autres réalités, racontées directement par ceux qui les vivent sans pourtant y appartenir. Raconter ce qui nous est étranger mais que l’on expérimente dans son quotidien.
J’ai beaucoup réfléchi et j’ai opté pour le nom d’#HistoiresExpatriées. Ce n’est pas le statut de la personne (expatrié, nomade, migrant) qui m’intéresse, mais celui des histoires. Que ces récits proviennent de situations « hors de la patrie », car c’est ce que signifie le terme d’un point de vue étymologique. L’altérité du regard m’intéressait : qu’à-t-on à raconter de lieux, de gens et de situations qui nous sont étrangers ?
C’était il y a deux ans et depuis une bonne cinquantaine de blogueurs et blogueuses ont raconté des histoires venues du Koweit, du Canada, d’Espagne, du Japon ou du Sénégal. Sur un thème commun, des récits différents qui permettent de mettre en perspective les expériences.
Mais ces récits ne peuvent exister sans questionner la position de celui qui raconte. Sommes-nous des expats ? Que signifie ce terme ? Les dynamiques de notre monde actuel poussent de plus en plus de gens à vivre dans un autre pays que le leur, pour des raisons les plus variées et pas forcément choisies. Dans ce contexte, les mots que nous utilisons et le sens qu’ils contiennent sont importants.
C’est pourquoi j’ai choisi de me poser la question ce mois-ci : « Suis-je une expat ? ». Pour enrichir ce débat, j’ai invité à y participer tous les blogueurs et toutes les blogueuses qui participent aux #HistoiresExpatriées, afin de voir dans la pluralité des voix et des positions comment nous pouvons penser notre statut de personne vivant à l’étranger.
La perception de mon altérité en Italie
Avant de me demander à quel qualificatif me relier, je me suis posé la question de la perception que j’ai de mon altérité. En d’autres mots moins savants : est-ce que je me sens étrangère en Italie ? Si oui, quand et comment ? Les autres me perçoivent-ils comme une étrangère ? Et comment ?
Je me sens parfois étrangère / je suis parfois perçue comme étrangère quand :
- Ma culture est différente
J’ai beau vivre dans ce pays et bien le connaître, il me manque des cases. Au delà de ne pas connaître le nom d’un comique célèbre ou d’un dessin animé que tout le monde a regardé enfant, la différence de culture se perçoit dans la façon d’interpréter le monde et de penser la société. Ma formation intellectuelle est surtout faite en français. Mes références, les livres que je lis, les podcast que j’écoute, sont pour beaucoup en français. Ici, c’est surtout moi qui perçois que je suis différente, mais il s’agit de détails liés à la culture générale, pas de clivages clturels profonds.
- Mon accent, mon niveau de langue
J’ai un accent français quand je parle, même s’il est plutôt léger. Je fais des erreurs, bien qu’assez peu. On me complimente souvent pour mon niveau de langue, que j’associe plutôt à mon niveau d’études : je lis en italien, français et anglais, forcément, mon travail consiste à écrire et/ou traduire, c’est normal que j’aie un bon niveau d’expression.
Je ne parle pas les dialectes. Je dis les car parmi les régions que j’ai fréquentées pour en saisir un peu de dialecte, je compte Rome, Naples, les Marches, Venise. Ne pas parler dialecte, surtout à Venise, c’est très probablement ne pas appartenir au lieu. C’est le marqueur identitaire le plus fort dans mon cas, car les vénitiens (et certains habitants non-vénitiens) l’utilisent souvent pour se différencier des touristes. Je ne sais pas faire, et si on s’adresse à moi en dialecte je réponds en italien.
Mais ces différences ne sont jamais pénalisantes, ou presque. Être française en Italie, c’est même plutôt jouir d’une aura positive. L’accent est sexy, les françaises sont belles, notre culture est raffinée, notre pays magnifique. Selon les italiens, bien sûr. Alice du blog Ali di Firenze en parle d’ailleurs dans cette vidéo sur son mari italien :
L’étrangère invisible
C’est tout ? Pour moi, oui. Tant que je ne prononce pas mon nom de famille, je n’ai pas l’air d’une étrangère. Ma façon de cuisiner a toujours été méditerranéenne. Je ne ressens pas la nostalgie du bœuf bourguignon ou du pain au chocolat. Je ne suis pas dépaysée en Italie. Mes codes culturels peuvent différer mais ils sont proches de ceux des italiens et je suis donc comprise facilement. Après une brève montée de chauvinisme en arrivant en Italie, je me suis vite rendue compte que je ne portais pas mon identité française comme un étendard. Je n’aime pas le camembert, je n’ai pas de moustache ni de charentaises et je n’écoute pas Edith Piaf.
J’oublie parfois que je suis étrangère. A la douane, en rentrant d’un voyage en Albanie, à la question des policiers « êtes-vous italienne ? » je me suis surprise à répondre « oui », en tendant mon passeport, avant de me raviser. Mais je ne me sens pas « italienne » pour autant. Je pense et parle en deux langues, je me sens chez moi en Italie plus qu’en France (à part à Sète, chez mes parents, qui est un peu italienne). Alors quoi ?
Parler de la différence : comment nommer ce que je suis ?
Si mon statut d’étrangère n’est pas très marqué, à tel point que je peux oublier qu’il existe, alors comment le nommer ?
Quels sont les termes à ma disposition pour dire ce que je suis ?
- expatriée
- immigrée
- migrante
- française
- européenne…
Tous sont problématiques. Le premier, parce qu’il souligne un privilège. Une enfant de parents marocains née en Italie ne dira probablement pas « je suis fille d’expat ». Pourquoi ? Parce que l’expatrié sous entend un statut économique supérieur et une situation choisie. Même en imaginant que ces mêmes parents sont médecins, par exemple, j’ai du mal à imaginer qu’ils seraient considérés comme expats par la société.
Dans mon cas, j’ai choisi ma vie en Italie. Mais mon statut économique n’est pas différent de celui des italiens de mon âge. ASoit avec une situation professionnelle incertaine (je suis freelance et avant ça j’ai enseigné avec un statut précaire) et un accès au logement limité (vive la coloc à 30 ans).
Certes, il m’est arrivé d’utiliser ce terme sans y penser. J’ai même eu une rubrique « conversation avec un.e expat » sur le blog. Depuis que j’ai remis en question son usage, j’ai arrêté de me dire « expat ».
Si ce n’est expat, alors quoi ?
Alors immigrée ? Pourquoi pas : « qui est venu de l’étranger », selon le dictionnaire, je m’y retrouve. Migrante ? Le terme est loin d’être neutre. Il renvoie bien entendu à l’actualité de ces dernières années, au désespoir de ceux et celles qui mettent leur vie en danger pour traverser illégalement des frontières… On est loin de la situation d’une européenne qui a pris le train pour Venise depuis Marseille sans même être contrôlée à Vintimille. Personnellement, je ne me sens pas d’endosser le même nom que ceux qui risquent leur vie pour passer des frontières. Ce serait aplatir la réalité.
Pourquoi pas française, ma nationalité ? Ou européenne, une appartenance géographique mais aussi politique ? Ces termes ont l’avantage de me définir aux yeux de l’administration. Mais ils ne reflètent pas ma situation dans le pays : je pourrais être française, et touriste.
Ce qui porte d’ailleurs à de drôles de situations. Comme ce petit matin de novembre, où je me rends dans la banlieue de Venise pour le travail. Je bois mon café dans un bar et le patron me demande « T’es Milanaise ? » ce à quoi je réponds « Non, française » et lui de rougir en essuyant frénétiquement la vaisselle, devenu muet. Il a recommencé à respirer quand je lui ai expliqué « je vis ici, d’ailleurs, je cherche l’école X, vous savez où elle se trouve ? ». Je ne savais pas quoi répondre à sa question, qu’il posait simplement pour comprendre qui était cette cliente visiblement pas d’ici et ce qu’elle fichait dans son bar à 8h du matin. Comme si je devais justifier mon statut, et l’incongruité de ma présence dans un bled du Veneto à 8h du mat.
Autre anecdote, alors que je cherche un appartement, je me retrouve face à une femme, agent immobilier, qui me déclare « tu verras, c’est un immeuble sympa, y a pas d’étrangers ». Je réponds que je serai alors la première. « Oui, enfin toi, t’es quoi, allemande ? C’est pas vraiment la même chose, tu vois ce que je veux dire ».
Ces anecdotes montrent aussi l’ambiguïté de toute définition. Ma nationalité ne dit pas mon statut. Et aucun statut ne semble vraiment correspondre à ce que je suis. Par contre, mon statut dit mes privilèges et me place d’office dans une catégorie valorisante.
Je n’ai donc pas de réponse définitive à cette question. Si je n’utilise plus le mot expat, je dois donc néanmoins reconnaître une chose : je jouis de plusieurs privilèges, qui me permettent de ne pas me définir.
Mes privilèges en Italie
En fait, se poser la question « suis-je une expat » revient à se demander « suis-je une privilégiée ? »
Et là, ma réponse est claire : oui. Checkons ensemble mes privilèges de personne vivant en Italie, comme dans ce test Buzzfeed :
- ma couleur de peau n’est pas un critère dans la définition de mon identité (j’ai le droit d’oublier que je suis blanche)
- ma culture et ma nationalité sont un avantage pour moi dans de nombreuses situation professionnelles (pour enseigner, traduire ou écrire, notamment)
- mon accent et mes caractéristiques physiques perçues comme étrangères sont considérées comme charmants / positifs
- je ne suis pratiquement jamais discriminée sur la base de ma nationalité, de mon apparence physique ou de mon accent (au contraire).
Prenons une autre anecdote, pour voir à quel point ces quelques privilèges sont importants. Toujours lors de ma recherche d’appartement, je téléphone à un propriétaire qui repère mon accent. « Vous êtes française ? Française, française ? Parce que si vous êtes marocaine ça sert à rien, on perd du temps toutes les deux ». On peut voir de façon assez claire que toutes les caractéristiques de l’alterité ne sont pas logées à la même enseigne. Quant à l’appartement, je ne suis pas allée le visiter. La personne m’a raccroché au nez quand j’ai commencé à m’offusquer.
Cet épisode de racisme indirect, qui ne me vise pas en personne, montre bien qu’il existe une sorte d’échelle de valeur et de privilèges selon le statut de la personne étrangère, que je le veuille ou non. Les préjugés qui entourent la situation du français (ou de la femme blanche, ça dépend) à l’étranger jouent même en ma faveur, car je suis considérée plus fiable qu’un autre étranger.
Donc, puisque je jouis de privilèges loin d’être anodins, dois-je me définir comme une expat ? Pour moi c’est une question vraiment délicate. Je préfèrerais le terme, plus neutre, d’immigrée : mais serait-ce nier ou effacer les privilèges que je possède ? On peut aussi se demander si tout ce débat n’est pas un caprice d’expat gâté qui ne veut surtout pas avoir l’air d’être du mauvais côté de la barrière. Tout, sauf être identitfié à une attitude néo-coloniale, où l’expatrié est un colon contemporain qui jouit de privilèges dans un pays plus pauvre que le sien ! Bon, ce discours s’applique moins à l’Italie. Mais la question peut se poser quand onentend une femme riche et blanche clamer « je suis une migrante, pas une expat »…dans un article publié sur… courrier expat.
En attendant d’avoir une réponse à cette question, je continue à jouir de l’avantage de ne pas devoir en donner une.
Pour aller plus loin, je vous conseille :
- d’écouter le podcast « Kiffe ta race » sur le privilège de la blanchité
- de lire cet article de Slate sur les termes d’expat et d’immigré
- de lire cet article sur l’expatriation révélatrice
Retrouvez enfin les participations des autres blogueurs.euses ici (la liste sera mise à jour dès que les articles seront publiés) :
- Alexienne élargit le débat dans une vidéo Youtube et un article très documenté
- Ophélie, en Angleterre, compare immigré et expatrié
- Eva, au Japon, qui a réalisé qu’elle était aussi une immigrée
- Angélique, au Sénégal par amour, ne s’est jamais pensée expat
- Kenza, au Canada fait le point sur les diverses expatriations qu’elle a vécues et sa transformation en immigrée
- Catherine, en Allemagne, préfère se penser comme résidente
- Liz, au Koweit, une question finalement plus complexe que prévue
Merci à vous toutes pour vos participations depuis des coins du monde si variés ! Et aux lecteur.trices qui veulent prendre part au débat, je suis curieuse de lire vos ressentis et votre point de vue, que vous soyez vous même à l’étranger ou non 🙂
Excellent article Lucie ! Je me retrouve dans pas mal de ce que tu dis, notamment pour tout ce qui est altérité.. Nommer ce qu’on est, c’est quand même un sacré bordel à cause de toutes les connotations, positives ou négatives, qui se cachent derrière ces noms. xx
Oui et puis surtout, il y a une personne au delà d’une nationalité, d’un statut administratif… merci pour ton commentaire !
Je trouve ta réflexion honnête, sincère et surtout très lucide quant à ta position de privilégiée (je ne retiens pas que ça évidemment 😉 ).
C’est super aussi d’avoir (osé ?) raconter les anecdotes à tendance racistes… Tout le monde (ou presque) sait que ça se passe comme ça, mais personne (ou presque) n’ose trop en parler.
Mais finalement, quand on est concerné par une vie à l’étranger, est-ce si indispensable que ça de se poser la question que tu as proposée dans ce thème ? Parce que ça revient à se coller une étiquette dans le dos, à se ranger dans une case non ? (je n’aime pas les étiquettes ni les cases… c’est peut-être pour ça que ma réponse à ta question a été claire pour moi…)
Merci Angélique, moi non plus je n’aime pas les cases, c’est pour ça que je conclus en me demandant si ça n’est pas juste une question de personne privilégiée (encore) qui ne veut pas être assimilée et qui tient à marquer sa différence… Alors que vivre à l’étranger ne fait pas de nous des personnes spéciales, loin de là
Moi non plus je n’aime pas les cases… Mais dans ce cas là, sachant que certaines personnes seront mises dans des cases juste de par leur couleur de peau, c’est un grand luxe que de ne pas avoir à se définir… De la même façon que c’est un privilège de ne pas avoir à penser à sa couleur de peau, ne pas avoir à penser à son statut, c’est un privilège puisque l’on ne nous remarque pas, que l’on ne nous définisse pas d’office.
On est d’accord Alexienne.
En fait, plus je pense à ce sujet, plus je me dis qu’il est important de se poser la question parce que sinon, c’est faire comme si la différence n’existait pas. Donc se demander pourquoi le terme expat est utilisé, ce qu’il veut dire, et pourquoi on créée des différences entre les immigrés, les migrants et les autres (et si ces différences sont légitimes), c’est permettre d’ouvrir un débat. Qui pose la question de comment nous sommes perçus, de ce que nos libertés de vivre et d’aller ailleurs veulent dire. Voilà pourquoi j’ai estimé important de proposer ce sujet à la réflexion car se penser soi-même, c’est être conscient de nous et des choses qui nous entourent.
🙂
Merci Lucie pour cet article très très intéressant autant d’un point de vue linguistique qu’humain. Toujours autant un plaisir de te lire, tes anecdotes et tes réflexions. À bientôt ! Maëva.
Merci Maëva ! A bientôt 🙂
Super intéressant de suivre ton cheminement de pensée! (Et complètement affolant de voir les comportements racistes de nos compatriotes européens… qui sont malheureusement nombreux) ! Et je pense qu’effectivement, nous sommes des étrangers invisibles ! Ce qu’on lit dans plusieurs articles c’est que « pour nous ce n’est pas la même chose »… Même si nous ne voulons pas être différenciés, les habitants le font pour nous !
Merci d’avoir proposé ce thème ! 🙂
C’est aussi grâce à des conversations avec toi que j’ai réfléchi à ces sujets donc merci à toi 😉
Bonjour!
Je lis ton blog en pointillés, j’aime y retrouver les saveurs de l’Italie (avec qui j’entretiens une relation d’amour-haine).
Personnellement, je travaille sur le sujet des migrations (recherche) et je vis à l’étranger depuis plusieurs années. C’est évidemment avec une posture privilégiée, parce que mon passeport français m’ouvre presque toutes les portes et ma peau blanche m’assure un traitement bon sur place. Néanmoins, je partage le point de vue de l’article du courrier international que tu as partagé: ça me semble important de se réapproprier le terme « migrant » (im- ou é- ne désigne que le mouvement « vers » ou « à partir de »), pour justement, complexifier l’image très très stéréotypée qui emplit les médias. Il y a, pour moi, une sorte de continuum de situations, qui va du privilège des portes ouvertes à l’illégalité imposée, de par la seule nationalité. Cela varie également selon la richesse, la couleur de peau, le genre, l’âge, le handicap (voir les critères pour obtenir certains visas….). Mais derrière cette multitude de statuts étatiques, qui produisent des situations différenciées, il y a pour moi une réalité similaire: des personnes migrent plus ou moins temporairement, à la recherche d’une vie meilleure (là encore, plus ou moins temporairement). Certains facteurs jouent plus que d’autres à certains moments, les contraintes à partir peuvent être plus importantes que l’envie de partir, mais ça reste une situation similaire. Et réclamer le fait que nous sommes aussi des migrantes me semble être une manière de se positionner, de dire « je suis aussi cette personne que tu méprises là, donc ravale tes clichés, et regarde la réalité dans sa complexité. Et traite touTEs les migrantEs… Humainement ».
Ca n’empêche pas de reconnaître que, sur ce continuum, nous sommes certainement bien plus privilégiées que d’autres.
Merci en tout cas d’ouvrir l’espace de la discussion, c’est important, notamment parce que ces mots-là sont chargés et connotés…
Capucine
Ton point de vue est très intéressant, merci de l’avoir partagé. Ca me rappelle une autre anecdote : à un repas dans la famille de mon ex, son oncle évoque avec moi « ces roumaines qui viennent en Italie pour piquer les maris des braves italiennes ». Je lui avais fait remarquer que moi aussi, j’avais « volé » un italien à une potentielle épouse de sa nationalité. Mais dans l’échelle de valeur, la française c’est mieux que la roumaine, voire c’est une opportunité.
Donc difficile de faire accepter aux autres une communauté entre « Lucie, française, blanche, diplômée » et un.e migrant.e telle que décrit.e dans les médias (en Italie c’est une personne jetée sur un radeau qui se retrouve hébété sur une plage de Lampedusa, grosso modo). Pour moi ce serait presque prétentieux, car dans les faits, ma situation (économique notamment) n’est pas la même… donc je suis mitigée, à la fois je comprends ce que tu dis, mais j’ai du mal à imaginer la mise en pratique… merci d’avoir partagé ton point de vue 🙂
Très intéressant ! J’ai la même expérience en tant que Française en Allemagne, le même genre de privilèges et d’a priori positifs. Mes différences culturelles sont vues avec neutralité voire avec bienveillance, ce qui n’est clairement pas le cas avec toutes les nationalités.
« Entre voisins on se comprend » (j’ai souvent entendu cette phrase gentille ici, et c’est vrai : la distance culturelle entre l’Italie et la France n’est pas énorme et la compréhension culturelle est facile, généralement).
Je me reconnais pas mal dans tes reflexions. J’ai réfléchi à cette question dès mon arrivée au Koweït parce que mes parents qui sont portugais vivant en France n’ont jamais été considéré comme expat’. J’ai réalisé tout le baggage derrière ces deux petits mots.
Au Koweït, je ne me retrouve vraiment pas dans la culture locale ni même dans les habitudes, je ne suis pas « l’étrangère invisible » (on sait que je ne suis pas Koweïtienne) cependant, on me parle souvent en arabe car je suis brune/matte/yeux noirs. Je ne « fais pas française » (mais c’est quoi, finalement, être française ?) Et je suis quand même traitée avec bienveillance et respect, on me dit que je ne correspond pas au cliché (je ne fais pas perpétuellement la tête haha) et mes différences poussent à la curiosité.
Au final, je connais mes privilèges de blanche vivant au Koweït, mon quotidien est facile au niveau de l’intégration et c’est moi qui ne franchi pas les barrières (langagière, par exemple) Après, ce qui est particulier dans le fait de vivre dans un pays qui n’est pas européen c’est tout le côté administratif. Au quotidien, je ne souffre pas du fait d’être française mais dès qu’il s’agit de renouveler mes papiers, c’est une autre histoire.
Difficile de trouver un mot pour cette situation. Mais finalement, en a-t-on besoin ?
En tous cas, merci pour ton article qui est hyper fouillé et hyper interessant. Et qui permet surtout d’ouvrir les yeux sur le poids des mots qu’on utilise pourtant au quotidien. Et ça m’a permis de réfléchir à mon propre statut pour écrire mon article ! Mais vu la longueur de ce commentaire, tu comprendras aisément que c’est une reflexion sans fin 😉
C’est clair que le débat est infini et qu’il n’y a pas de réponse parfaite à la question ! Merci pour ton commentaire 🙂