Quand il nous prend, il est terrible. Il commence sous la forme d’une vague torpeur. Il prend le nom de routine, s’infiltre dans le quotidien en commençant par les détails. Ces lieux qui se répètent chaque matin sur la route du travail. Ces petits gestes du quotidien qui s’enchainent, mécaniquement. Même les conversations sur le temps qu’il fait ou sur l’état -désolant- du monde se laissent prendre par sa vague.
C’est lui. Il est là. On l’appelle l’ennui. Un mal terrible dont on ignore parfois souffrir.
Il existe des remèdes, bien sûr. Lire un livre passionnant, emprunter un chemin inconnu pour aller travailler, poser des questions incongrues à ses amis pour changer de sujet de conversation, se mettre au patin à roulettes pour respirer le parfum du risque… la liste des expédients à l’ennui est longue.
A Ferrara, petite ville du nord de l’Italie, tromper l’ennui s’élève au rang d’art local.
Aujourd’hui, venez donc avec moi découvrir comment, à Ferrara, on rit au nez de l’ennui !
Ferrara, une élégance Renaissance
Pour savourer la beauté de Ferrara avant même d’y mettre le pied, profitez du voyage en train pour vous entraîner à faire sonner son joli nom. Férrrrrara, on attaque dans un souffle avant de faire rouler le double R qui s’adoucit d’un a rond et chaud. Poésie. L’italien se parle aussi avec les mains alors n’ayez pas peur : donnez le meilleur de vous même. Si votre voisin de train vous regarde de travers, tant pis pour lui. Après tout, nous sommes en voyage pour tuer l’ennui, c’est le moment de prendre des risques. Place au théâtre !
Nous voilà arrivés à la gare, descendons donc du train pour nous rendre en ville. Si vous souhaitez prendre le bus, payez un euro et attendez 10 minutes. Si vous me suivez, on y va à pieds ! Attention à ne pas marcher sur la piste cyclable où foncent les bicyclettes. Oui, Ferrara est la ville du vélo, et ils sont partout.
Regardez, là-bas, voilà le château ! Sa structure massive en briques, avec ses tours épaisse a tout du château médiéval, pourtant, en levant les yeux vous découvrez la finesse de ses toitures, les détails de ses balcons et l’harmonie de ses arcs à travers lesquels on aperçoit de gracieux jets d’eau. Le Castello Estense ou Château d’Este a appartenu à la famille principale de Ferrara, les Este, qui l’ont fait construire pour assurer leur propre protection contre les révoltes. L’édifice XIVe siècle sera revisité à partir du XVIe pour laisser s’exprimer les nouveaux goûts et besoins de la famille.
Bagarre à l’épée à Ferrara
J’espère que vous avez prévu votre costume de chevalier, parce que ça va chauffer ! Après avoir pris un petit déjeuner au « bar centro storico » à base de croissants ou de délicieuses pâtisseries, nous prenons sur la droite place de la mairie. Sur cette piazza fermée ornée d’une loggia renaissance d’une grande beauté, en plein milieu du marché, voilà qu’éclate un duel à l’épée ! La foule se masse contre le parapet de la loggia pour jeter un œil aux duellistes qui s’acharnent à croiser le fer.
Soudain, résonnent les trompettes, la bagarre cesse et un cortège se forme : la contrada de San Giacomo est réunie ! Les musiciens marchent devant, les lanceurs de drapeau viennent ensuite, suivis des nobles dames en livrée de velours. Qu’importe que le pallio, qui oppose les différentes contrades, n’ait lieu qu’en mai. Les ferrarese seront prêts.
Rencontre via delle Volte
La parade a disparu à l’intérieur du château, laissons la à ses affaires. Grâce au plan gratuit donné par l’office de tourisme (dans le château), nous nous dirigeons doucement mais sûrement vers la via delle Volte. Pourquoi ? Car hier soir, quand j’ai demandé « Que faire à Ferrara » à google, il a répondu « se balader via delle Volte ».
Les rues sont désertes mais pétillent des couleurs de l’Emilie-Romagne : orange, rouge, jaune, et rose pastel, de temps à autres, un palais. Les rues sont vides. C’est le moment d’en profiter pour se mettre à plat ventre sur les pavés. Oui, car on s’implique, pour ramener de jolies photos de ce petit voyage, alors tant pis pour vos jeans chéris !
Malheureusement, il y a toujours une catégorie de gens qui n’en ont rien à foutre, de tout, de votre investissement, de vos efforts pour soigner le cadrage, de votre vie en général… J’ai nommé les chats, professionnels de l’incruste, sur les photos comme dans la vie. Et il est flou en plus ce c*** !
Le palais qui repousse l’ennui
Pressons le bouton avance rapide, avalons tout de même un plat de cappellaci di zucca (des pâtes farcies à la courge, un délice), un café et c’est reparti. Où ça ? Au palazzo Schifanoia bien sûr !
Allô lecteur ? Y-a-t-il un italophone dans la salle ? Oui, ce palais s’appelle bien le Palais Trompe-l’ennui. Dans cette résidence, construite par la famille d’Este pour éviter de s’ennuyer dans son château, on se rendait pour le plaisir. Lequel ? L’histoire ne le dit pas.
Alors pour mieux tromper l’ennui, une vaste pièce est décorée de fresques représentant les mois de l’année, dans un univers païen où triomphent les divinités antiques et les signes du zodiaques. Les sept fresques encore visible sont proprement surprenantes : on y voit un homard chevauché par une femme, des dieux et déesses païennes qui dansent, des courses de chevaux, des foules humaines et animales et d’étranges symboles.
Dans la pièce suivante, ce sont probablement les plafonds qui absorbaient l’attention des visiteurs, avec leurs boiseries sculptées de mille volutes. On l’appelle la salle des Vertus, je vous laisse libres d’imaginer pourquoi une salle dédiée à la vertu dans un palais dédié aux plaisirs, car j’ai pas trouvé d’explications.
Des diamants de marbre
Nous progressons à présent vers l’une des merveilles qui font la renommée de Ferrara. Encore un élément cité par Google, qu’obéissants nous allons visiter, parce que nous sommes de bons touristes bien sages. La description, lue en diagonale dans le train (pendant que vous faisiez des vocalises), parle d’un palais de marbre rose qui scintille comme un diamant. Il Palazzo dei Diamanti. Quelque chose de sobre. Simple.
On y est. La blanche façade lance ses rayons lumineux de loin, éblouit et efface ses voisines de brique brune. Des diamants. De marbre. Exactement comme Google nous l’avait promis. Les contes de fées existent peut être, finalement.
Alors, connaissiez-vous Ferrara ?
Pour la faire courte, si vous vous ennuyez direction le nord de l’Emilie-Romagne, à la frontière avec la Vénétie ! Ferrara se trouve dans les terres, non loin de la plaine du Po. Il y a encore beaucoup à voir, et on pourrait facilement s’y arrêter un weekend entier tant la vie y est douce. Une balade à vélo sur les remparts, la visite des salles intérieures du château ou du palais des diamants… il y a encore bien à faire ! Moi, c’est sûr, je veux y retourner… viendrez-vous avec moi ?
moi je suis ok pour y aller avec toi. Par contre, faudra attendre que je descende de mon homard 🙂
Faut dire qu’on est bien, quand on chevauche à travers champs à dos de homard… je te comprends !
Je ne connaissais absolument pas cette ville je n’en avais même jamais entendu parler. Je découvre grâce a toi alors merci ça semble magnifique comme endroit merci pour la balade !!
Ouiii l’Italie est pleine de petites destinations méconnues qui valent pourtant vraiment le détour ! Contente que tu aies apprécié la balade 🙂
Bonjour, nous y allons dans 10 jours. Auriez vous des restaurants à nous conseiller ?
Et merci pour votre blog.
Côté restaurants je n’ai pas vraiment de conseils car je n’y ai passé qu’une journée, j’avais déjeuné dans un petit restau du centre, pas cher et bon mais je n’ai plus l’adresse. Je pense que vous pouvez aller au feeling car on mange bien à Ferrare ! Bon voyage 🙂
Je vous lis, Lucie, depuis qu il y a deux jours, en revenant de Mlan j ai osé taper dans Google, j aime pas Milan !!! Et que je suis tombée sur votre blog, prouvant que je ne suis pas la seule à ne pas avoir adoré cette ville !! Aujourd hui sur la route de Ferrara, je lis avec amusement votre récit sur cette ville que je connais pour terre venue plusieurs fois, et là encore je partage votre avis. Un lieu pour flaner au hasard des rues, admirer les façades, avec un vrai coup de Coeur pour le ghetto juif, très bien conservé. Merci de nous faire partager ces bons moments, et chouettes découvertes.
Merci beaucoup Carole pour ce retour sympathique qui me fait sourire ! Bon voyage sur les routes de l’Italie