J’ai écrit un livre (+concours)

J’ai écrit un livre (+concours)

« Quand je serai grande, j’écrirai des livres ! », déclare l’enfant qu’un jour j’étais. Je ne savais pas encore à propos de quoi, mais mon rêve était là, sûrement nourri par ma passion pour la lecture. Ce goût d’écrire a trouvé son exutoire dans mes journaux intimes, dans les BDs que je dessinais à la fac, dans des incipits jamais terminés de nouvelles et enfin sur les blogs, le grand terrain de jeu. Puis, finalement, aujourd’hui, ça y est : j’ai écrit un livre. Je vous raconte la gestation de ce projet, puis je vous en dit plus sur le livre en lui-même. Restez bien jusqu’à la fin, il y en trois à gagner !

Avant de rédiger cet article, j’ai ouvert une « boîte à questions » sur les réseaux sociaux pour récolter vos interrogations. Je me suis donc servi de ce qui vous intéressait pour construire cet article et répondre à tou.te.s de façon détaillée !

Photo de couverture de l’article : (c) 2019 Guillaume Dutreix

écrire un livre Venise
(c) 2019 Guillaume Dutreix

Comment tu as eu l’idée d’écrire un livre ?

Je vais commencer par défaire un mythe. Pour moi aussi, ça a été une grosse surprise, quand je l’ai découvert en master d’édition : la plupart des livres publiés sont des œuvres de commande. Exit l’image de l’auteur ou l’autrice qui se tourne vers l’éditeur pour lui soumettre son idée car il ou elle a un message à délivrer au monde. Sauf, bien sûr, dans le cas de la littérature où c’est bien l’écrivain.e qui est à l’origine du projet. Autrement, c’est généralement, la maison d’édition qui a un projet, une idée, ou un sujet qu’elle souhaite traiter d’une façon nouvelle. Elle cherche alors un auteur pour porter cette idée.

C’est ce qu’on appelle une œuvre de commande. Pour ce livre, nous sommes dans ce cas de figure. J’ai ainsi reçu un mail, un beau jour de début octobre 2018. L’éditrice s’adresse à moi car elle recherche une personne connaissant bien Venise pour rédiger un nouveau titre sur la ville. Le projet est déjà en train de se dessiner du côté de la maison d’édition, avec une autre destination prévue et une collection encore à inventer.

Mon rôle là dedans ? Travailler en collaboration avec la maison d’édition pour produire un contenu qui corresponde à leur projet.

Voilà pour la source d’inspiration. A l’époque, je viens tout juste de devenir freelance, je suis ravie* de me lancer dans cette expérience. (* euphémisme pour : je pleure d’émotion en invitant mes amis à boire des flots de prosecco. Forcément, le rêve d’enfance, ça émeut).

écrire un livre de voyage

(c) 2019 Guillaume Dutreix

Quelles sont les étapes dans l’écriture d’un livre de voyage ?

Tout dépend des cas, bien entendu. Dans le mien, comme il s’agit d’un livre de voyage, l’éditrice a déjà décidé qu’il faudrait diviser la ville en quartiers. Ce découpage permettra de déterminer ce qui est intéressant et ce qu’on laisse de côté.

Le découpage du livre

Pour Venise, c’est simple : il existe 6 quartiers historiques, les sestieri, plus les îles. Pour moi, la réponse est évidente : on garde tout. Et on ajoute la Giudecca et San Giorgio. Mais attends : Venise, sans la lagune, ça ne veut rien dire. Et si la lagune était un quartier ? Mon éditrice est OK.

Nous avons donc 8 chapitres. Dans lesquels vont s’insérer des types de textes qui ont déjà été définis par la maison d’édition, qui a établi une maquette commune à tous les livres de la future collection.

Recherches & enquête de terrain

C’est là que la partie la plus fascinante a commencé. On met quoi dans ces huit chapitres ? Avec l’éditrice, nous passons de longues minutes au téléphone à discuter des contenus, de la façon dont on veut les présenter, de ce qui me tient à cœur et de ce que la maison a en tête. C’est avant tout un projet dans lequel j’essaie de me fondre, pour incarner l’esprit de la collection tel que l’éditrice essaie de me le décrire. J’en retiens surtout trois mots : contemporain, original, authentique. Quelque chose qui nous dise la Venise d’aujourd’hui, mais avec une recherche de raffinement. Qui surprenne le lecteur, l’amène hors des clichés. Lui fasse ressentir, comprendre les lieux.

On parle de Venise : une ville sur laquelle l’encre coule à flots et qui compte une offre de guides de voyage hallucinante. Mais aussi : une ville complexe, difficile à comprendre, sur laquelle circulent tellement d’idées fausses, généralisations, clichés. Je veux éviter ça maximum.

Forcément, ça me met un petit coup de pression.

Alors je lis, énormément. Je fréquente les bibliothèques, surtout la Querini Stampaglia (qui a fortement souffert de l’acqua alta du 12 novembre et appelle au dons) et la Marciana, qui ont un fond sur la ville très vaste. Je note le nom d’endroits, je téléphone, je m’informe, et vais visiter. Je rencontre des gens, réalise des interviews, fais des recherches historiques.

Je fais énormément de listes. D’abord, des lieux que je trouve intéressants, remarquables, insolites. Puis des thèmes, des gens, des idées. Je me retrouve avec beaucoup trop de matière : sur ma première liste de lieux intéressants, il y a près de 200 entrées ! Il faut élaguer. Je croise alors les listes entre elles en essayant de faire émerger des idées.

Mon carnet de notes se remplit à toute vitesse d’appunti (notes), de croquis, de schémas. Je l’emporte partout, et si je ne l’ai pas sur moi, je sature mon téléphone de post-it virtuels. Quand on fait ce genre de travail, il prend vite toute la place. On y pense aux moments les plus improbables, la nuit, quand on marche dans la rue, en parlant avec des amis…

Les doutes et les remises en questions

J’accumule beaucoup de matière, à partir de laquelle je propose mes premières idées à l’éditrice. On recommence alors à discuter : ça, c’est bien, ça non, cette idée nous plaît, celle-ci est trop historique, pas assez technique, etc.

De fil en aiguille, une première mouture apparaît. La collection n’existant pas encore, il y a beaucoup d’aller-retours. La maison d’édition cherche un ton, un discours, modifie, rectifie. Je dois donc m’adapter à un projet encore en définir : un exercice souvent délicat, mais un vrai défi à relever.

Le reportage photo

Dès le début du projet, la photo et l’illustration occupent une grande place. Pour certaines pages, je dois proposer des thèmes visuels qui seront ensuite interprétés par le photographe que la maison d’édition a choisi d’envoyer à Venise. Il s’appelle Guillaume Dutreix, il a un profil instagram qui fait rêver et il débarque à Venise en novembre. On croise jusqu’aux doigts de pieds en espérant qu’il fasse beau, mais pas de chance : le temps est gris quatre jours sur cinq. La lumière manque, et Guillaume use ses baskets sur les pavés de Venise pour chercher de capter les plus belles images possibles. Oui, c’est beau, Venise dans le brouillard. Disons que la météo nous en donne un peu trop… C’est la galère.

écrire un livre sur Venise : mon expérience

Burano dans la brume de novembre (c) 2019 Guillaume Dutreix

Tellement la galère, qu’il faut programmer un deuxième reportage. Avec du soleil cette fois. Le projet est remis sur la table, change encore une fois. Il est décidé d’insérer de nouveaux contenus. Des textes supplémentaires, pour apporter plus d’informations et offrir aux lecteurs et lectrices un contenu plus complet.

Le cycle recommence : recherches, enquête, rencontres, listes, idées, propositions, ajustements, validation, reportage photo.

Guillaume revient en juin, sous un soleil radieux (et ardent). Le livre s’enrichit de sublimes clichés à la lumière dorée, de couleurs d’été, de vertes campagnes. Ouf.

La rédaction du livre

Après plusieurs mois de recherches, passer à l’écriture me fait un peu peur. Et si c’était nul ? Mal écrit ? Banal ? Pire, erroné, faux ? Je doute, j’y vais à reculons. Moi qui adore écrire, je passe un ou deux jours à trouver « plus urgent » à faire avant de m’y mettre. Pourtant, il faut absolument que je commence pour canaliser ces peurs dans quelque chose de productif.

Alors je dessine et je liste. Pour chaque quartier, pour chaque thème, je liste à la main les mots qui me viennent à l’esprit. Je dessine le plan des quartiers, indiquant les balades, les palazzi, les réalités que je veux évoquer. Des métaphores émergent. Des mots se rapprochent les uns des autres et commencent à me plaire. Il faut écrire. Oublier le jugement, et écrire. Même si c’est nul, aller au bout de la phrase. Du paragraphe. Du texte. Le lendemain, reprendre, supprimer des passages entiers, réécrire, reformuler.

Lorsque j’écris, j’ai toujours un document « poubelle » ouvert à côté. J’y copie-colle tout ce que je jette. Parfois, je retourne y pêcher des mots. Pour éviter de me sentir noyée par un texte trop brouillon, je pratique ainsi le tri des idées, en me laissant toujours la possibilité d’aller glaner une phrase écartée. Cette pratique me permet de garder en tête l’esprit du texte que j’avais au départ, de ne pas trop me perdre. Ou alors de réaliser que je me suis éloignée mais que c’est finalement mieux.

J’écris le matin, l’après-midi ou le soir, dans le train puis chez mes parents où je rentre plusieurs semaines. Je n’ai pas de rituel ni de lieu précis, j’ai juste besoin d’une feuille ou gribouiller, d’un ordinateur pour écrire, et d’une quantité importante de thé, tisane ou café pour m’hydrater.

Dernières étapes

Nous sommes en juin, le photographe a rendu ses photos, mes textes ont été remis à l’éditrice une première fois en décembre puis une deuxième en mai. Le travail est terminé ? Eh non ! Le graphiste passe à l’action et réalise la maquette. Mon boulot d’autrice consiste à vérifier scrupuleusement chaque photo pour éviter les erreurs de quartier. Et à Venise, c’est parfois difficile de savoir si ce mignon petit canal est à Santa Croce ou à San Marco. Heureusement, je travaille dans un bureau avec un vénitien pur jus qui se régale de ce petit jeu et m’aide à confirmer en cas de doutes. Toutes les photos sont au bon endroit. Ne reste plus qu’à écrire les 280 légendes des images…

L’éditrice, elle, doit faire finaliser la maquette, créer la couverture, rédiger les textes éditoriaux, etc, que je reçois au fur et à mesure pour vérification.

Quand tout le monde est content : le livre part à l’impression.

Le plus dur pour écrire un livre ?

C’est la solitude. Il n’y a personne pour te dire si ce que tu fais, c’est bien, si c’est ce qui est attendu. Même dans mon cas (œuvre de commande), l’éditrice est occupée par d’autres projets et je me sens souvent seule. Il y a des moments où tu as envie de tout annuler, de recommencer à zéro. Quand il devient impossible d’avoir du recul sur ton travail. Surtout quand c’est une oeuvre de commande. Du coup, j’ai pas mal sollicité les amis et la famille, à coup de messages whatsapp, « hey, tu veux pas relire mon texte? » / « tu penses quoi de cette phrase ? » / « est-ce qu’on comprend la métaphore, là ? »

Merci à ma maman, mon papa et mes amis qui ont relu <3

Les retours sont toujours hyper utiles, bien qu’il soit impossible, pour moi, de ne pas garder des doutes. Entre le moment où j’ai écrit le premier texte et la sortie du livre, un an s’est écoulé. Il se passe tellement de choses en une année ! Forcément, j’ai pensé plusieurs fois, zut, si j’avais pu en parler dans le livre… mais il faut aussi apprendre à accepter qu’un livre, que ce soit de la littérature ou un livre pratique, représente un moment, une pause dans le temps sur une opinion, des façons de voir le monde, qui elles, continuent d’évoluer. Ce qui est formidable, c’est que cette expérience m’a permis d’apprendre énormément sur ma façon de créer et que je sais que je peux le faire.

Venise – Petit Atlas Hédoniste

De quoi parle-t-il, ce livre ? Il serait temps d’entrer dans le détail et de vous expliquer le contenu.

Est-ce un guide de voyage ? Pas tout à fait. Un livre de photos ? Pas uniquement.

écrire un livre : mon expérience à Venise

(c) 2019 Guillaume Dutreix

Finalement, la maison d’édition a choisi de donner comme surtitre à l’ouvrage « petit atlas hédoniste« . Un nom qui lui va bien, car ce livre propose de parcourir Venise avec pour fil conducteur le plaisir hédoniste, celui de la balade, de la découverte.

On y trouve donc, pour chaque quartier :

  • une introduction pour en découvrir l’ambiance
  • des explications plus techniques : comment fonctionnent les puits ? qu’est-ce que l’écosystème lagunaire ?
  • des découvertes originales : le portrait d’un jeune gérant de restaurant, une visite du splendide four à mosaïque d’Orsoni à Cannaregio…
  • des thématiques explorées à travers l’image : une déambulation à travers les édifices plus contemporains, dans les églises ou les ruelles
  • les essentiels de chaque quartier : des lieux à visiter ou à voir
  • des promenades thématiques : dans les jardins de Castello, d’une osteria à l’autre à Rialto, etc

Surtout, le livre donne à voir la ville, suggère des lieux par l’image et invite à la curiosité. Les photos racontent la ville sans la dévoiler et permettent de s’y immerger.

Concours : trois exemplaires à gagner

Le meilleur pour la fin : j’ai le plaisir de pouvoir vous offrir trois exemplaires du livre !

Pour participer, il vous suffit de répondre à l’article en laissant un commentaire. Les commentaires seront numérotés puis trois numéros seront tirés au sort.

écrire un livre - Venise

Vous avez jusqu’au 30 novembre 2019, minuit (heure de Venise), pour participer ! J’annoncerai les gagnants lundi 2 décembre, jour de sortie du livre ! Bonne chance à toutes et tous…

Sinon, le livre sera en librairie dès le 2 décembre. Si vous voulez l’acheter, faites-le dans un bel endroit tenu avec passion par un.e libraire, si vous le pouvez 🙂

A Venise, il devrait être disponible à la Toletta autour du 10 décembre, mais l’information est encore à confirmer (je vous tiens au courant).

écrire un livre - Venise
Faites circuler mes cernes sur l’internet en épinglant ceci sur Pinterest !

Mise à jour du 2 décembre 2019 : Résultats du concours !

Les résultats sont là ! J’ai numéroté chaque commentaire et demandé à un brave logiciel de tirer au sort trois numéros.

Les gagnants sont donc les numéros 60, 51 et 14 !

  • Romain Ourstoulouse,
  • Colin
  • Guillaume

Je vous contacte par mail 🙂

Mise à jour 2 (09/12/19) : en l’absence de réponse de Guillaume, le n°73 a été tiré au sort 🙂 Hermine, je t’ai écris un mail !

Merci à tous et toutes d’avoir participé.

Pour ceux qui m’ont demandé où acheter le livre en ligne : il est sur tous les sites habituels. Vous le trouverez en librairie (et s’il n’y est pas, demandez-le à votre libraire, ça ne coûte pas plus cher de commander en lirairie et les frais de ports ne sont pas à votre charge). Il est aussi disponible dans les pays francophones : Canada, Suisse, Belgique.

Merci encore pour la gentillesse de vos commentaires qui m’a fait un immense plaisir.

A bientôt !

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