On m’a parfois reproché de donner une image un peu lisse de Rome sur ce blog. J’y ai vécu pendant deux ans, durant lesquels j’ai mené une existence très intense, avec une soif d’explorer, de parcourir et d’aller partout impossible à étancher. J’ai profité de toutes les beautés que Rome peut offrir, de ses couchers de soleil spectaculaires, de sa lumière à l’aube le long du Tibre, des éclats de voix de ses fontaines, de la grandeur de ses places, de sa beauté sous un manteau de neige, de sa splendeur même à 40°, du crissement de la glace pilée et de l’acidité du citron d’une granité salvatrice, de la brise dans les rues du Trastevere, de la lumière d’automne et du froid qui mord les joues sur le pont Saint Ange, de la pizza al taglio à toute heure du jour et de la nuit, de ses nuits magiques, de ses journées jamais banales, de cette sensation d’être dans un rêve, dans une promesse. Je crois
que si j’aime autant Rome c’est parce que j’y vois plus que ce qu’elle me donne. Rome booste mon imaginaire. Dope mes rêves.
En même temps franchement comment ne pas avoir l’imaginaire qui carbure dans un endroit pareil ?? |
Pourtant j’ai aussi détesté la voir dégradée, salie, abimée, s’effondrer, s’enlaidir. Quand il pleut une heure et que déjà les places s’inondent. Les égouts ont été inventés par les romains, et les égouts de Rome sont bouchés, et débordent.
Quand tu dois renoncer à un rendez-vous car le bus ne passe pas après plus d’une heure d’attente.
Quand tu te rends compte que tu passes plus de temps dans les transports publics, ou à les attendre, qu’à travailler.
Quand tu vois autour de toi de l’incivilité, de la bêtise et du racisme. Ces tags fascistes dans les rues. Ces gens qui disent qu’il y a trop d’étrangers, à toi, l’étrangère.
Quand tu te demandes si la mairie a abandonné Rome a son sort. Que tu te réjouis que cette branche d’arbre se soit effondrée AVANT que tu ne passes, et pas PENDANT.
Quand les barrières des travaux font partie du décor. Quand les travaux du métro mettent tellement de
temps à avancer qu’ils vont bientôt être classés vestiges patrimoniaux à préserver pour témoigner de l’histoire des travaux publics au XXe siècle.
Quand tu regardes autour de toi et que les fleuristes égyptiensexploités te rappellent ce que le mot intégration veut dire, dans la capitale italienne.
Quand les ordures sont plutôt à côté de la poubelle que dedans, ou bien ne sont plus ramassées du tout, abandonnées au soleil du mois d’août, ou à la pluie d’octobre.
Quand le moindre emplacement libre devient une place de parking auto-adjugée, avec le consentement tacite des autorités qui ne mettent pas d’amende.
Quand tu cherches à te garer et que les parkings gratuits sont squattés par des types qui ont créé leur propre taxe, et dont le business est simple : « paye moi pour que je protège ta voiture ou bien je vais détruire ta voiture ».
C’est un peu pour toutes ces raisons que je ne vis plus à Rome. Que je n’ai pas cherché à y rester une année de plus.
Mon amour pour Rome n’est pas aveugle. Je vois bien les fissures. Et je souffre de la voir salie, vandalisée et pourrie
par le laxisme des pouvoirs publics et le manque de civisme d’une partie de la population.
EN ATTENTE D’UN MIRACLE |
Pourtant je reste une personne positive et je continue à vouloir partager mon amour pour Rome, en écrivant des articles, en
partageant mes lieux préférés, en vous donnant envie de la découvrir, de vous y rendre pour les vacances, de tomber en amour vous aussi.
L’autre jour je suis tombée sur Facebook sur une photo de l’Ambassadrice française, un balai à la main. L’association Retake Rome organisait un nettoyage de la place Farnèse par une équipe de volontaires rejoints par le personnel de l’Ambassade Française. Voilà une façon positive d’agir contre les problèmes de Rome !
Ces images m’ont donné envie de lister ici les mouvements que je connais qui luttent contre le déclin romain. Culture, art, civisme, les domaines d’actions sont nombreux et les initiatives ne manquent pas.
Contre le degrado : Retake Rome
Mouvement citoyen et apolitique qui organise le nettoyage de lieux publics et fait appel aux habitants pour s’engager, peindre, rénover, récurer, décoller…
Vous pouvez connaître les dates des événements sur leur page FB |
Pour valoriser le patrimoine : Open House Roma
déjà énormément grandi. Sa vocation ? Mettre en valeur le patrimoine architectural de la ville de Rome en ouvrant au public des lieux atypiques, toutes époques confondues. Autant dire qu’il y a de quoi faire.
A venir : récit de visite dans l’une des dernières demeures médiévales de Rome grâce à OHR.
Pour une ville qui roule à vélo
Se déplacer à vélo à Rome c’est pas vraiment la panacée. Très peu de pistes cyclables, un trafic assez dangereux (et intense), le risque de vol… Grâce à l’engagement de quelques associations, des progrès (minces) ont été faits : les forums impériaux piétons le dimanche est surement le plus notable.
Ils organisent des événements décalés comme des défilés déguisés en père noël |
Les associations disposent généralement d’ateliers ou réparer son vélo et rencontrer d’autres amateurs de bicicleta.
Heureusement qu’ils sont là d’ailleurs, car le système de vélos de location type vélib n’a pas du tout fonctionné à Rome, aujourd’hui seule les bornes vides témoignent d’une tentative d’initiative.
Les associations (il y en a plein) :
Cicloficina Centrale : pour réparer son vélo au cœur de Monti, via Baccina, dans un atelier fouillis et sa super ambiance.
Pour toutes les infos sur le vélo à Rome, le portail BiciRoma concentre tout !
Outdoor Festival, que vive le Street Art
Ils en sont à leur cinquième édition et plus le temps passe, plus ils cartonnent. J’avais visité les expos l’an dernier, et j’ai l’impression qu’ils ont bien grossi pour la saison 2015.Plusieurs pavillons pour représenter la scène internationale du street art, de l’Italie au Brésil en passant par l’Espagne.
Le travail d’Insa, artiste anglais |
Le concept : investir des lieux à l’abandon ou déclassés, y inviter des artistes internationaux, organiser des concerts et faire la fête.
Le site.
Autre initiative catégorie Street Art :
Le M.U.R.o, Musée d’Art Urbain de Rome, qui propose une carte du street art.
Lecteur, si tu vis à Rome, tu connais peut être d’autres associations qui essaient de porter la ville vers l’avant et de la sauver du déclin dans lequel elle semble s’enfoncer. Partage tes connaissances ! Si j’ai quitté la ville éternelle je n’en continue pas moins à l’aimer. Cette liste pourra donc être mise à jour !
3 thoughts on “Rome : en attente d’un miracle”