Cet été, j’ai eu la chance de passer une bonne partie du mois d’août dans les Pouilles, basée à Bari. Je commence à profiter des avantages d’être devenue 100% freelance : j’ai délocalisé mon bureau. C’est facile, j’ai juste besoin de mon ordinateur, d’un disque dur, de mon appareil photo et d’un carnet de notes ! J’ai donc eu la possibilité d’explorer la jolie ville de Bari et de tester pas mal d’adresses. Je vous raconte ?
Bari, la mal-aimée
Déjà, lors de mon premier séjour dans les Pouilles, on nous avait présenté Bari comme une ville pas forcément très intéressante. Jolie, mais pas vraiment à classer dans le top 10 des meilleurs spots dans les Pouilles. Pourtant, c’est souvent par elle qu’on arrive dans la région, grâce à son aéroport international. Certains s’y arrêtent, d’autres préfèrent filer directement vers le sud ou les villes côtières.
Alors, Bari, petite, chaotique, un peu sale, à éviter ? Je ne crois pas.
Barivecchia
Déjà, il y a son centre historique où domine le blanc du tuf. Ses ruelles pavées sont une fourmilière où se croisent jeunes à vélo, familles en réunion, groupes d’amis qui jouent au cartes. Une odeur de panzerotto, ce beignet frit farci au coulis de tomate et à la mozzarella, parfume l’air. Devant leurs boutiques, des femmes réalisent les orecchiette, la pasta symbole de la région. Les rues commerçantes et leurs artisans alternent avec le calme de placettes cachées. Perchés sur les façades des églises, des animaux de pierre scrutent les passants. Le soir, on se promène sur les remparts, au dessus de la mer, un gelato à la main. Les places, aveuglantes de soleil la journée, se remplissent d’amis, de famille et de vie, dès qu’arrivent les heures fraîches.
Le quartier Murattiano
Autour de ce petit centre bien vivant, s’étale la ville « neuve », tracée en immense damier. Le chaos qui l’anime contraste avec la régularité de son plan. Le quartier « murattiano », du nom de son fondateur, date des années 1810 et correspond à une idée complètement différente de l’urbanisme. Rues larges, immeubles plus hauts, théâtres et demeures aux dimensions cossues composent le quartier. Oui, ces rues sont un peu sales, et en un mois je n’ai jamais vu passer les services municipaux pour les nettoyer (à part le ramassage des ordures). Les commerçants nettoient devant leurs boutiques et pour le reste, vivement qu’il pleuve. Mais il ne faut pas s’arrêter à ce regrettable détail !
Vous vous demandez à quoi cela peut bien ressembler ? Il vous faudra aller sur place, car la blogueuse du dimanche que je suis n’a pas fait une seule photo de ce quartier pourtant intéressant.
#looseuse
Bari et l’architecture fasciste
Comme un grand nombre de villes italiennes, Bari est marquée par l’architecture fasciste de type rationaliste.
Voici quelques caractéristiques pour la reconnaître facilement :
- style monumental
- simplicité des lignes
- peu d’ornements : des aigles ou des statues humaines aux airs sévères
- le nom des bâtiments écrit en grandes lettres capitales
- du marbre, des matériaux lisses, des couleurs claires
Le lungomare de Bari est un exemple frappant de cette architecture, avec des édifices qui semblent complètement disproportionnés, donnant au visiteur la sensation d’être dans une ville taillée sur une autre mesure.
Idées de visites à Bari
En ville
Il y a plein de choses à voir à Bari. Déjà, comme partout, se promener, en long, en large et en travers.
Parcourir le centre historique et ses ruelles.
Passer par la rue des orecchiette, via Arco Basso et Arco Alto.
Visiter la cathédrale de San Sabino. Les deux boeufs du portail rappellent une légende locale racontant que l’emplacement de l’église aurait été choisi en lâchant deux bœufs dans les rues.
Entrer dans la Basilica di San Nicola, qui accueille catholiques et orthodoxes en un même lieu.
Faire du lèche-vitrine dans le centre, où sont installés de nombreux artisans.
Marcher sur le lungomare, surtout au soleil couchant.
Se promener sur les remparts au dessus de la vieille ville.
Parcourir l’artère commerçante de Via Sparano da Bari, récemment rénovée, et admirer le Palazzo Mincuzzi, de style Liberty.
Admirer ses théâtres, dont le théâtre Margherita construit sur l’eau.
Contempler la façade rouge pourpre du Petruzzelli, un autre théâtre de Bari.
Visiter le Castello Svevo.
Aller jusqu’au Fortino di San Antonio Abate, ouvert lors d’expositions temporaires, profiter de la vue sur le port.
Bonnes adresses à Bari
Panzerotti face au chateau
Ne cherchez pas l’adresse sur Trip Advisor : elle n’y est pas. La pizzeria Il Castello est si petite qu’elle n’existe même pas sur internet. A peine quelques mètres carrés de boutique où passer commande, et une terrasse qui s’étale sur le trottoir, face au Castello Svevo. Une fois la commande passée, on s’installe en attendant sa pizza où son panzerotto.
Pizzeria il Castello, via dell’Arco Alto 37.
Panzerotti Piazza Mercantile
Certes, il y a peu de chances que votre diététicien vous conseille un régime à base de panzerotti. Dans les Pouilles, oubliez les règles, et régalez-vous ! Le panzerotto n’est ni un calzone ni une pizza fritte. C’est une pâte plus proche de la pâte à beignet, que l’on rempli de mozzarella et de coulis de tomates avant de la fermer et de la frire quelques secondes. Son contenu est surnommé « la lave ». Pour le manger, penchez-vous en avant puis mordez : ça coule dans tous les sens, vous avez les doigts luisants, une petite flaque rouge à vos pieds. L’élégance peut bien aller se faire voir, le diététicien avec.
Mon conseil :
Choisir une adresse au hasard Piazza Mercantile. Changer d’adresse le lendemain. Effectuer son classement personnel des panzerotti de Bari. Prendre trois kilos. Être profondément heureux.
La fantasia de la Salumeria Nino
Quand vous commandez un sandwich chez ce charcutier-fromager du centre historique, soyez prêts à répondre à une question cruciale : avec ou sans fantaisie ? La fantaisie, c’est le secret de la boutique. Dans un plat, au cours de la journée, les employés recueillent les « restes » de la coupe. Copeaux de jambons, morceaux de fromage, cul du saucisson… le tout est recouvert d’huile d’olive. C’est la fantasia. Un panino con la fantasia sera copieusement arrosé de ce délicieux mélange. Attention, le risque de se tâcher est estimé à 8 sur l’échelle de Richter.
Goûter les Bracciole à l’Osteria Sopravento da Sergione
Dans les Pouilles on a une idée particulièrement gargantuesque de la gastronomie. La simplicité de la cuisine italienne est bien là, c’est la façon de combiner les ingrédients qui frôle la débauche. Par exemple, les braciole. Prenez une tranche de boeuf, et fourrez-la de fromage, herbes, poivre. Roulez le tout façon sushi géant. Faites revenir dans l’huile d’olive, puis dans la sauce tomate. Servez la bête gentiment couchée sur une tranche de pain. Bien entendu, il s’agit d’un secondo, donc assurez-vous de faire engloutir une assiette d’orecchiette à vos hôtes avant.
J’ai mangé d’excellentes braciole à l’Osteria Sopravento da Sergione, qui fait des orecchiette maison aux cime di rape (la recette la plus traditionnelle contient des anchois) vraiment délicieuses. Astuce si vous ne possédez qu’un seul estomac : demandez à partager la bracciole.
Osteria Sopravento da Sergione,
Une glace chez Martinucci
Toujours Piazza Mercantile, entre deux panzerotti, faites une place à un cornet de gelato. Martinucci est une adresse renommée du centre historique. Comme les italiens, embarquez le cornet pour la passeggiata sur les remparts ou autour de la place (vous éviterez ainsi de payer un supplément pour utiliser la terrasse, #astuce)
La Uascèzze
La Uascèzze, c’est un concept, presque une façon d’être. En dialecte, le terme signifie l’abondance de nourriture. Par extension, c’est l’attitude de celui qui banquette, qui mange et boit sans limites, entre amis, à grands bruits de conversation et de verres qui tintent. Un concept auquel le restaurant La uascèzze, niché dans une ruelle du centre, fait amplement honneur. Pour deux personnes, nous avons commandé un plateau de charcuteries et fromages dit « moyen ». Il contenait au moins six types de fromages, dont une burrata et une mozzarella entiers. Pour compléter, huit types de charcuterie, toutes délicieuses.
Heureusement, la Uascèzze tolère le doggy-bag.
Et le soir ? Plongée dans les nuits de Bari
En bonne ville du Sud de l’Italie, Bari a le rythme nonchalant des cités méditerranéennes. On y dîne tard et les soirées se passent plus dans la rue qu’à l’intérieur. Voici une petite liste des adresses que j’ai pu tester :
- Il Chiringuito : un grand classique pour boire une bière sur le Môle San Nicola où, le jour, se tient le marché aux poissons.
- Speakeasy Bari : d’excellents cocktails et des serveurs dandy, c’est le bar idéal pour bien boire.
- Chat Noir : un bar avec une super déco dans une salle voûtée sous la muraille. La rue est pleine de bars sympa et très animée.
- Piccolo Bar : un petit bar, comme son nom l’indique, où on boit des bières, debout sur le trottoir, en discutant gaiement. Ambiance sympa 🙂
Mon tour de Bari s’achève ici, si vous avez aimé ce guide, vous pouvez partager l’image ci-dessous sur Pinterest !
Avez-vous déjà visité Bari ? Je suis curieuse de lire opinions, bonnes adresses et retours de voyageurs 🙂
Très bel article, Lucie? Je trouve que ta description de la ville a un petit air de « Le Soleil Des Scorta » de Laurent Gaudé.
Je ne suis encore jamais allée à Bari mais j’ai toujours eu envie de m’y rendre et encore plus en te lisant. Merci pour cet article 🙂
Ah oui, j’ai lu le livre, c’est marrant je n’y avais pas pensé ! Merci Sophie pour ton commentaire 🙂
Je ne connais pas du tout mais tu en parles très bien et donne envie de s’y balader et de profiter d’une virée tardive dans ses rues 🙂
Merci Aurore ! J’espère que tu en auras l’occasion alors
Il faut y lancer un concours de bougnette ☺
Je pense pouvoir prétendre au titre
Un grand bravo pour cet article drôle, gourmand et enjoué.
Je n’ai passé qu’une journée à Bari (à la fin d’un road-trip en Italie, juste avant d’embarquer vers le Monténégro). Je n’avais pas aimé mais tu m’as donné envie d’y retourner !
Souvent, Bari est considérée pour sa valeur par rapport à d’autres villes. « Moins » belle que Lecce, « trop » ceci ou pas assez cela… je comprends car ça n’est pas forcément le joyau de la Pouille mais j’y ai trouvé beaucoup d’intérêt, je te souhaite d’y retourner ! Et merci beaucoup pour ton soutien, c’est précieux
Buongiorno Lucie !
Encore un super article dont tu as le secret… exactement les vacances comme nous les aimons… flâner, découvrir, prendre le temps, se perdre… et la bonne bouffe ! Ton site est vraiment une source d’inspiration et d’évasion pour les fans d’Italie que nous sommes.
Pour tout te dire, nous avons décidé d’aller dans les Pouilles en juin cette année un peu à cause de (grâce à – l’avenir nous le diras :-)) toi. Nous avons prévu 15 jours, Gargarno / Tremiti / Bari / Matera / Lecce etc etc etc. Nous aurions une question un peu personnelle au sujet de notre séjour, est-il possible de te contacter de manière « privé » (ou le cas échéant nous contacter par le biais de l’adresse email obligatoire pour laisser un commentaire ↓)
E&M
PS : sympa la nouvelle présentation du site.
Buonasera Emile!
Merci pour ce commentaire enthousiasmant, et ravie de vous être d’inspiration… pour m’écrire en privé, en haut à droite dans « à propos – contact » tu trouves un formulaire pour m’écrire, ça arrive directement dans ma boîte mail !
Contente aussi que le design te plaise 😀
Piouh que d’adresses qui donnent envie !! J’aimerais tellement voir le « grand » plateau, le moyen est tellement immense !!
Je note certaines 🙂
Merci pour ce joli article !