Venise, dès l’aube. Amoureuse de la lumière de Rome au petit matin, du réveil de la ville aux grands cris des oiseaux le long du Tibre, j’avais hâte de découvrir une aube vénitienne. Chaude, d’été, humide et lourde.
Changement de ville, changement d’habitudes : si à Rome mes aubes étaient d’interminables retours de fête à pied à travers la ville, à Venise, j’ai réglé mon réveil sur 5h00 du matin, un mercredi, en semaine.
Mon père est là en vacances, c’est un lève-tôt et c’est son idée. Moi, j’attendais depuis longtemps un prétexte pour le faire.
En semaine, je bosse souvent du début d’aprèm jusqu’à 20h30, alors 5h, ça pique. Mais la promesse de manger du poisson ramené du marché de Rialto pour midi me pousse à me lever. On avale un thé et c’est déjà parti : le ciel blanchit et Venise nous attend !
Sur la fondamenta di Cannaregio rien ne bouge à part les eaux du rio. L’eau a une couleur nouvelle, gris perle, gris tempête. Aurait-il plu cette nuit ?
Strada Nova. J’ai choisi d’y passer pour la voir, une fois, vidée de son flux humain, ses boutiques fermées, sans son marché de fruits hors saison et ses marchandises qui débordent sur les pavés.
On ne la reconnaîtrait presque pas. Strada Nova, c’est le cauchemar des vénitiens, qui font ce qu’ils peuvent pour l’éviter. La raison ? La rue est une véritable autoroute de la gare au pont du Rialto, qui supporte un flux continu de personnes. Avec une largeur variable, l’effet entonnoir est inévitable. Pendant le carnaval, on fait même du sur place à certains endroits. Sans toute son agitation, je ne la reconnait presque pas. L’effet est magique.
Les pigeons et les gabians s’en donnent à cœur joie, crevant le plastique des sacs pour se goinfrer de poubelles. Mais la magie fonctionne et la sensation d’évoluer dans un monde post-apocalyptique où nous serions les seuls survivants est presque complète. De temps à autre, on aperçoit un serveur sur le chemin du boulot, un petit groupe de noctambules ou une ombre au bout d’une rue.
Nous arrivons au Pont du Rialto. Je ne l’ai jamais vu désert. La lumière blanche du matin lui va bien. La pierre d’Istrie est laiteuse, les eaux du canal s’accordent aux tons des grands volets des échoppes. Quelques bateaux agitent le Canal Grande, les livraisons commencent. Au dessus du marché du Rialto, la masse des goélands nous indiquent qu’on commence à installer le poisson sur les étals.
Finalement, nous retrouvons quelques autres lève-tôt en arrivant sur la place Saint Marc. Nous sommes une quinzaine maximum, deux asiatiques en habits de mariés et leurs photographes, trois joggueurs, deux balayeurs et le reste une poignée de touristes ébahis comme nous.
Au milieu des pigeons qui font le bonheur des mariés, nous vaguons sur la place jusqu’au pont des soupirs : personne. Jamais je n’ai vu ce pont sans deux mètres de personnes et un mur érigé de selfie stick. En continuant sur la riva degli Schiavoni, on voit toute Venise dans la lumière douce. Les gondoles sont vides, pas de cris, aucune boutique de souvenirs made in China. Un bonheur.
Sur la gauche, nous nous faufilons dans une ruelle pour arriver Calle dei Albanesi, où se cache l’une de mes pâtisseries préférées à Venise. C’est l’heure du petit dej ! Les seules gourmandises disponibles pour le moment sont les croissants mais des odeurs délicieuses s’échappent déjà des cuisines.
Un macchiatone e una brioche al miele, per favore !
Traduction : une gros café au lait (sorte de « petit » capuccino) et un croissant au miel. Miam !
> L’adresse : pasticceria da Bonifacio, calle dei Albanesi, Castello 4237 t.l.j. 6h30 – 18h30
Au retour, on s’arrête au marché du Rialto pour prendre quelques dorades, des aubergines et des tomates que nous préparerons pour midi. Le temps de rentrer à la maison, à travers les ruelles de San Polo désormais bien réveillées, il est 8h30. Je me rendors jusqu’à 11h, quand l’odeur des aubergines grillées arrive jusqu’à mon nez. Finalement, pour une journée de travail, je me sens sacrément en vacances.
Si vous voulez d’autres aubes vénitiennes, vous pouvez aller lire l’article de Mitchka, la super blogueuse de chez FishandChild(ren) qui vous raconte une journée à Venise, de l’aube au soir. Et vous, avez-vous déjà vécu une aube vénitienne ? Quels sont vos plus beaux souvenirs d’aubes ?
Non jamais mais peut-être un jour !
Bel article ! Ca doit être vraiment agréable de découvrir Venise sans son agitation habituelle ! C’est ce qui m’avait beaucoup plus dans le Cannaregio en fait, au-delà de la beauté du quartier bien sûr 😉
Merci Pauline ! La prochaine fois que tu passes à Venise, je te conseille le réveil à 5h, vraiment 🙂
Oh… ça me rappelle tellement cette belle et douce balade au réveil… c’etait une autre Venise ♡ ah… je suis Nostalgie.
Merci de la petite mention au passage.
J’avais beaucoup aimé ton article justement ! Il m’avait donné encore plus envie de me bouger pour voir Venise à l’aube.
Venice vide, silencieuse… quel luxe ! je l’ai vue comme ça de jour, autour du 10 janvier, froid terrible, ville déserte, j’ai adoré. Jolie série qui me rappelle de beaux souvenirs !
Merci Alexandra pour ton commentaire 🙂 l’atmosphère de l’aube est assez froide alors qu’il faisait déjà chaud quand j’ai pris les photos. En janvier, c’est le meilleur moment pour profiter de Venise, mais alors il fait vraiment trop froid 😀 heureusement on se réchauffe dans les bacari en mangeant des fritti <3