Histoires Expatriées #6 Ce que j’aurais voulu savoir avant de partir

Histoires Expatriées #6 Ce que j’aurais voulu savoir avant de partir

Six mois, déjà. Quand j’ai créé ce RDV, je n’imaginais pas qu’il serait suivi par autant de personnes dans des pays différents, ni même que ces personnes proposeraient des thèmes aussi variés à chaque nouvel épisode.

Ce mois-ci, c’est Ophélie notre marraine. Elle vit en Angleterre, à York. Elle nous a proposé de réfléchir autour de cette question :

Ce que j’aurais voulu savoir avant de partir

Aïe. C’est une question extrêmement difficile pour moi. La première fois, je suis partie tôt. J’avais 21 ans et c’était Erasmus. Puis je suis repartie à plusieurs reprises, pour l’Italie ou l’Espagne. Avec ou sans date de retour.

C’était le sujet du troisième RDV : Pourquoi es-tu partie ?

Comme je le disais alors, la vie à l’étranger est la plus palpitante des écoles. On y apprend chaque jour de nouvelles choses. Détails culturels, vocabulaire, codes sociaux, démarches administratives… Je ne passe pas une journée sans apprendre, encore.

Moi en train d’apprendre des trucs (ou de faire la touriste à Bassano del Grappa, c’est selon)

Bien sûr, si l’on est curieux, on peut vivre cette expérience d’apprentissage permanent n’importe où, même dans son pays de naissance. L’expatriation ajoute un filtre culturel aux informations, multiplie les savoirs.

Alors je me trouve bien embêtée pour répondre à la question d’Ophélie.

Est-ce que j’aurais voulu savoir que j’allais devoir faire la queue pour obtenir mon « codice fiscale », sésame italien indispensable ?

Qu’à Venise, il me faudrait m’inscrire à un fil d’alerte SMS pour être avertie de la hauteur des marées ?

Que le système des transports de Rome est exécrable ?

Qu’à la fac, j’aurais le plus grand mal à trouver des informations sur les tableaux d’affichages ou sur internet ?

Pas vraiment.

Chercher et trouver les réponses à ces questions du quotidien qui se posent à moi à l’étranger, c’est aussi ce que j’aime. Si la vie à l’étranger est une école, pour reprendre la métaphore, alors connaître les réponses à l’avance ne sert à rien. Pire, je risquerais de m’ennuyer.

Mais il y a bien quelques informations que je cherche, avant de partir.

Quelle taille fait la ville ? Peut-on y pratiquer au moins un sport que j’aime bien ? Y-a-t-il un cinéma ? De quelle époque date le centre historique ? Quelle est la température moyenne à l’année ? Combien d’habitants compte-t-elle ? Comment fonctionnent les transports en commun, et combien coûte l’abonnement ?

« Est-ce que je pourrai faire mes courses sur un bateau ? » n’est pas parmi les questions de base, et pourtant.

A ce moment là, Wikipédia est mon ami. Mais attention, il est fourbe.

Sur le nombre d’habitants, par exemple.

Quand je suis partie à Cartagène en Espagne, je pensais arriver dans une grande ville dynamique d’environ 200.000 habitants. En réalité, le centre est minuscule et déserté, entouré d’une vaste banlieue très peuplée.

expatriation
Le port et la ville de Cartagène vus d’en haut

Google aussi fait ses petites blagues. En cherchant « badminton venezia », j’ai trouvé un club portant ce nom. Chouette ! J’ai écrit un mail auquel m’a répondu, enthousiaste, Luciano. J’ai mis ma raquette dans ma valise, mais ce n’est qu’une fois sur place que j’ai réalisé que le club était à 60 km du centre historique de Venise. Non, il n’y a pas de club de badminton à Venise. Ce sport y est tristement impopulaire, à mon grand dépit.

Mais savoir les choses à l’avance, ou non, ne m’incite pas vraiment à renoncer au départ.

Et puis il y a les expatriations auxquelles j’ai renoncé.

J’aurais pu partir pour le Caire travailler dans une école de français, un été. Le code vestimentaire imposait aux femmes le pantalon et les épaules couvertes. J’ai acheté un sarouel (moche), l’ai porté quelques jours. J’ai essayé d’imaginer la même chose à 40°. J’ai réfléchi, mis le salaire (une misère) dans la balance. J’ai dit non.

A peu près à la même période, j’ai été prise pour un poste de prof à l’université d’une ville moyenne marocaine, dans le désert. J’étais enthousiaste, attirée par l’exotisme d’un monde de dunes. Puis j’ai regardé les annonces de colocs. Je me suis rendue compte que les colocs mixtes n’existaient pas, moi qui à l’époque habitait avec cinq garçons italiens. J’ai lu la page « Maroc » sur le site Diplomatie.gouv. Le chapitre « Mœurs » m’a un peu refroidie. J’avais d’autres opportunités, j’ai fini par refuser.

Conclusion ?

Décider de partir, c’est souvent une impulsion. J’ai envie, je vérifie quelques informations, je réfléchis quelques jours ou semaines, je dessine une liste de pour et de contre, j’en rêve la nuit, je pars. Trop en savoir à l’avance ne me sert à rien.

Les informations de base sur la sécurité, les mœurs, les conditions sanitaires et les libertés des citoyens dans le pays où j’envisage de m’installer me sont utiles pour peser ma décision.

Pour le reste, on apprendra sur place.

17 thoughts on “Histoires Expatriées #6 Ce que j’aurais voulu savoir avant de partir”

  • Tu sais quoi ? Hier soir en voulant rédiger mon propre article, j’ai vraiment galéré à trouver quoi écrire ! La prochaine fois, je penserai à ce que je peux y coller avant de proposer un thème.. 😀
    En tout cas, je suis d’accord avec quoi. Décider de partir, c’est souvent une impulsion. xx

  • Je n’ai jamais eu l’opportunité de partir dans un pays aux moeurs vraiment différentes de ce que je connais donc ce sont des choses que je ne vérifie pas. Tu es beaucoup plus organisée que moi on dirait, moi je pars et ensuite j’avise 😀

    • Oui enfin ce sont des recherches assez superficielles plutôt dictées par mon impatience et à ma curiosité de partir plutôt qu’à un vrai besoin 😛 finalement quand j’ai renoncé c’est aussi parce que j’avais d’autres options, car sinon je crois que je serais partie quand même, quitte à revenir plutôt que prévu 🙂

  • Ah oui c est de trés bons exemples dis donc, ces expatriations que tu as refusé… :/ Je crois qu on est bequcoup á avoir « adapté » le théme car au fond, on n aurait rien voulu savoir de plus avant de s expatrier 🙂

    • Oui c’est ça ! En refusant ces expats je pense m’être aussi rendue compte que certaines choses ne sont pas faites pour moi, je ne me vois pas dans un pays ou il y a trop d’inégalités entre les hommes et les femmes par exemple :/

      • Je comprends ca parfaitement… Viens faire un tour en Islande alors 🙂 c est une des choses que j apprécie vraiment ici, me sentir en sécurité en tamt que femme, c est chouette. Et á chaque fois que je rentre en France ca me revient d un coup et je me fais la réflexion « ah oui c est vrai j´avais oublié »…

  • J’aime beaucoup ce rendez-vous mensuel et bravo pour l’initiative ! 🙂
    Je te comprends tout à fait, ne pas TOUT savoir permet d’apprécier ces découvertes de tous les jours, l’expérience est spontanée, mais je dois dire qu’il y a des choses qui méritent bien d’être connu, parce que se prendre des douches froides à mainte reprises c’est pas rigolo à un moment ! Au fait tu t’es expatrié dans quels pays avant d’arriver en Italie ?

  • Je crois que meme en faisant beaucoup de recherche, meme en lisant des blogs et en posant des questions aux expats, on ne peut pas tout anticiper. Et heureusement dans un sens parce que c’est aussi ça qui fait la beauté de l’expatriation.

  • Comme toi je n’avais pas voulu m’imaginer trop de choses avant de partir, j’avais pris les renseignements de base. Je voulais vraiment tout vivre pleinement et tout découvrir! Et comme tu dis, on s’adapte, c’est tout le but de l’expérience justement : de ne pas retrouver ce qu’on a quitté, non?! 😉

  • Mais c’est exactement ça l’expatriation. On apprend au fur et à mesure et c’est ça que nous aimons. C’est en quelque sorte une aventure et on ne veut pas tout savoir avant bien au contraire ! Merci encore pour les rendez-vous #HistoiresExpatriées ça nous pousse vraiment à parler de son pays sous plein d’angles différents !

  • T’as l’air tellement plus organisée que moi XD Ceci dit, j’aurais certainement pesé le pour et le contre si j’avais eu l’opportunité de m’expatrier dans des pays plus éloignés de la France, culturellement parlant.
    Et je suis totalement d’accord avec ce paragraphe : « Chercher et trouver les réponses à ces questions du quotidien qui se posent à moi à l’étranger, c’est aussi ce que j’aime. Si la vie à l’étranger est une école, pour reprendre la métaphore, alors connaître les réponses à l’avance ne sert à rien. Pire, je risquerais de m’ennuyer. »

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