#HistoiresExpatriées 10 – Le corps

#HistoiresExpatriées 10 – Le corps

C’est le seul bagage que l’on emporte partout : notre corps. Avec sa forme, ses qualités, ses défauts, le corps participe lui aussi à l’expatriation (forcément, on va pas le laisser à la maison). Il va rencontrer les autres, subir des climats nouveaux, ingérer des nourritures différentes, apprendre des codes, changer. Dans le pays où il s’installe, les autres auront une autre façon de percevoir le corps. De l’orner, de le montrer, de le vêtir. Les lignes bougent, le beau et le laid changent, la définition de la pudeur est à réécrire.

C’est pourquoi Maëva nous a proposé ce mois-ci d’évoquer le thème du corps en expatriation. Une question que je ne m’étais jamais posée directement mais qui est pourtant, à mon sens, passionnante. Je vais donc vous parler de mon expérience du corps en Italie : le mien, mais aussi celui des autres, tel que je l’observe.

Vivre à l’étranger a changé mon rapport au corps

A 21 ans, j’avais un look vaguement excentrique. J’aimais bien les trucs à pois, les couleurs, les chaussures bizarres. Mais j’étais globalement pas hyper à l’aise avec mon corps. J’oscillais entre l’envie de mettre des fringues flashy, des lunettes en forme de cœur, de porter du maquillage, et la sensation d’être trop visible, pas assez jolie.

C’est dans cet état d’esprit que j’ai bouclé ma valise pour Rome, pour une première expérience à l’étranger. Le premier weekend, je suis allée sur le marché aux puces de Porta Portese. J’y ai déniché une chemise d’un vert très prononcé, avec des épaulettes et de petits noeuds sur les manches.

Importable, dirais-je aujourd’hui.

Magnifique, pensais-je. Je l’ai achetée.

Et miracle : je me suis sentie bien dedans.

Dans la foulée, j’ai découvert la chaîne Kiko et le maquillage à deux francs six sous. Paf, j’ai acheté un rouge à lèvres cerise très sombre et de vernis bleu. Et je les ai portés. Sans avoir envie de me cacher une fois dans la rue.

Pour couronner ce look digne d’un clown échappé du cirque, j’ai acheté une paire de ballerines en plastique rouge décorées d’un cœur noir brillant.

Ouais.

J’avais la classe.

Mais le propos n’est pas là. Ce qui était nouveau, c’est que je m’assumais. J’ai commencé à arrêter de penser au regard des autres. Ne connaissant personne, je pouvais me réinventer. Petit à petit, j’ai commencé à porter ce qui me faisait envie, sans forcément me focaliser sur mes défauts.

Style romain
Je me suis mise à assumer mes lunettes en forme de coeur ou autre excentricités

Aujourd’hui, j’ai un look un peu plus classique, c’est certain. Pourtant, quand je sors et que je me maquille ou porte des fringues qui me plaisent, je me sens toujours bien en Italie. Mieux dans ma peau, mieux dans mon corps et dans ma tête.

Mais est-ce seulement parce que j’étais à l’étranger ? Est-ce que j’aurais vécu la même expérience dans d’autres pays ? Pour réfléchir à cette question, je vais essayer d’analyser ce que j’ai pu observer du rapport au corps en Italie.

La mode en Italie

La première chose qui frappe dans la perception du corps, pour moi, c’est le vêtement. Et en Italie, mon goût pour les couleurs vives, les imprimés voyants ou tout ce qui peut sembler too much semble au bon endroit.

L'exposition Fiorucci à Venise
Par exemple, Fiorucci est un créateur italien qui ose la couleur, l’imprimé à gogo, le trash, pour flirter avec le vulgaire (actuellement exposé à Venise à la Ca’ Pesaro)

Les femmes portent des doudounes colorées, des chaussures pas possibles, des bouches d’oreilles géantes ou des lunettes de soleil XXL. En fait, j’ai l’impression que les femmes osent beaucoup plus, sans avoir peur de l’excès. Et ça marche : ici, je trouve que beaucoup de femmes sont très élégantes tout en ayant un look à forte personnalité. L’élégance n’est pas un charme discret, mais une affirmation de soi.

Le corps et les regards

Quand j’ai vécu à Paris ou à Lille, il y avait des rues ou je n’aimais pas trop passer. Des lieux où je me sentais mal à l’aise, où j’avais envie d’être transparente. Mon corps m’apparaissait comme un poids dans le regard des autres. Pas que dans le regard, mais aussi dans les mots. Se faire traiter de salope ou de pute, dans la rue, juste sur la base de son apparence physique, je pense que toutes les femmes l’ont vécu.

En Italie, ça ne m’est jamais arrivé. Ja-mais. Mai, comme on dit.

Une rue du Trastevere, à Rome
Une rue du Trastevere, à Rome

Pourtant, les italiens sont des mateurs. Les yeux sont souvent insistants, et personne ne se prive de regarder passer une femme, si elle est à son goût. Mais le seul commentaire que j’ai jamais entendu c’est “bella”. Le regard des hommes peut être déstabilisant, on peut le subir ou trouver qu’il est déplacé, mais il n’est pas insultant. Cette différence est énorme, et on se sent bien plus en sécurité en tant que femme en Italie, à mon sens.

Détail d'une statue à Rome
Moi, pour mater des fesses, je préfère aller au musée. Ici, Palazzo Altemps, Rome.

Et le corps des hommes ?

J’ai parlé surtout du corps des femmes, car c’est ce que j’ai observé et expérimenté plus directement. Du côté des hommes, pourtant, j’ai été frappée par certaines différences. En voici une petite liste, qui ne s’applique pas à tous les hommes mais que j’ai observé régulièrement :

  • les italiens s’épilent les sourcils
  • les italiens, même jeunes, portent des slips de bain très moulants à la plage
  • la mode est aux coiffures rasé sur les côtés, très structuré sur le dessus
  • les italiens prennent beaucoup soin d’eux, sont attentifs à la coupe de leurs vêtements
  • les italiens se sèchent les cheveux, même en été, même quand ils ont les cheveux courts

Sur cette note humoristique je conclus mon article en pensant que oui, l’Italie participe à mon sentiment de liberté et de bien être du corps. Certes, le téton peut choquer sur la plage et on ne rentre pas dans les églises en mini-jupe. Mais je me sens libre, en sécurité et bien dans mon corps en Italie, et c’est une chose précieuse dans le monde d’aujourd’hui.


Cet article participe au RDV #HistoiresExpatriées (plus d’infos par ici) dont la marraine du mois est Maeva du blog Maeva’s Mapa Mundi

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