Si vous suivez ce blog sur les réseaux sociaux, vous savez probablement déjà que l’été 2016, j’ai réalisé un voyage passionnant en Sicile. C’était la troisième fois que je visitais cette île splendide de la méditerranée. Mais c’était bien la première fois que je voyageais de cette façon ! En effet, je suis partie non pas en vacances, mais dans le but de récolter des informations pour la mise à jour d’un guide de voyage, publié chez Hachette dans la collection Guide Evasion. Le travail est désormais terminé, le guide est maintenant en impression et sortira en librairie le 17 mai (j’ai hâte !), j’ai donc décidé de vous raconter cette fabuleuse expérience.
Auteur de guide, un métier de rêve
Pour moi, le métier d’auteur de guide de voyage a toujours été un rêve. Voyager, écrire, être payé pour le faire ? Royal ! J’ai longtemps rêvassé à la vie des auteurs de guides lorsque je lisais leur portrait à la fin des ouvrages. Pourtant, le job me semblait complètement hors de ma portée, inatteignable, de l’ordre du fantasme. On peut donc dire que j’ai eu beaucoup de chance !
Un beau jour, j’ai reçu un mail dans ma boîte de réception, intitulé « guide sicile ». C’était une prise de contact de la part d’Hachette, qui recherchait un auteur pour sa mise à jour du Guide Evasion. Nous avions déjà échangé quelques mails, suite à un tweet qui demandait des rédacteurs spécialisés Italie.
C’est donc sans avoir démarché toute la planète que j’ai décroché ce job de rêve. Juste un blog, une réponse à un tweet, un article qui a plu à l’éditrice, et voilà. Bien sûr, c’est aussi le résultat de mon travail sur ce blog mais j’ai quand même la sensation d’avoir eu un beau coup de chance ! Un article test plus tard (et quelques coups de fils), c’est officiel : je partais en Sicile en juillet 2016 pour le compte des éditions Hachette !
Je vous raconte, pas à pas, cette expérience fascinante telle que je l’ai vécue !
Mais comment on fait, pour écrire ou mettre à jour un guide ?
Ma mission : mettre à jour le carnet d’adresse et le carnet pratique, rédiger de nouvelles pages d’introduction, remanier deux chapitres, et augmenter le guide avec de nouvelles pages « rando » et « balades secrètes ». Je ne suis pas le seul auteur sur le coup, et une partie seulement de l’île m’est confiée (Palerme, le centre, les côtes est et nord).
Au début, je me suis posé mille questions. Comment je m’organise ? Je dois connaître l’histoire de la Sicile ! Comment apprendre ? Savoir parler d’art, d’architecture, augmenter mes connaissances… sélectionner les informations, m’organiser, faire des plannings… J’étais un peu perdue ! Alors, j’ai lu tout ce qu’on peut trouver sur le net à propos du métier de guide, c’est à dire, finalement, peu de choses concrètes.
Un article de blog emploi qui explique pourquoi la vie d’auteur de guide n’est pas si rose.
L’interview d’une auteure Lonely Planet qui donne des exemples concrets de son travail au quotidien.
La fiche du Routard sur le métier, qui donne une vision assez globale des différents aspects.
L’article de Curieuse Voyageuse, qui revient sur ses émotions lors de l’écriture du guide Michelin Toulouse.
Pour mieux connaître la Sicile, j’ai écouté toutes les émissions radio que j’ai pu trouver, lu les récits de voyage de Maupassant dans l’île, visionné des reportages sur Youtube, lu le Dictionnaire insolite de la Sicile, épluché les blogs, articles, etc… une vraie boulimie d’informations absolument passionnantes ! J’ai aussi beaucoup lu les sites italiens spécialisés en gastronomie, comme l’indispensable Dissapore, une vraie bible pour comprendre l’art de manger en Italie.
Avant le départ : s’organiser
Au moment où j’ai appris que je partais, je travaillais en Espagne et j’avais la chance d’avoir un emploi du temps calqué sur le mode de vie à l’espagnole, c’est-à-dire avec une grande pause sieste au milieu de la journée. Du temps que j’ai mis à profit pour les recherches. Puis, de retour en France, fin juin 2016, j’ai commencé à m’organiser et à créer mes plannings. Avec l’éditrice, nous nous étions mises d’accord sur un itinéraire, mais il me fallait le préciser pour rentabiliser ces 18 jours de voyage et en rater le moins possible.
Je me suis donc créé des plannings avec des estimations des temps de trajet, en sélectionnant les lieux sur lesquels je souhaitais enquêter. Pour laisser une chance au « hasard », j’avais toujours plusieurs idées en tête que j’avais priorisées afin que si un lieu ne me semblait pas si intéressant une fois sur place, je sache où aller en alternative. J’ai aussi créé plusieurs cartes grâce au fantastique outil MyMaps afin de visualiser certains itinéraires ou de repérer les quartiers des grandes villes qui manquaient de bonnes adresses. Et puis, j’ai pris contact via mail avec des associations locales de promotion du tourisme ou avec les offices de tourisme qui m’ont apporté une mine d’informations précieuses.
Une fois sur place : journée type d’un auteur de guide
A tout ceux qui confondent auteur de guide et vacancier, détrompez-vous. Pendant 18 jours, le réveil a sonné chaque matin à l’aube pour mettre à profit le plus de temps possible.
Prendre la voiture, localiser les différentes entrées d’une réserve naturelle, visiter une plage de rêve et n’y rester qu’un quart d’heure, réaliser des entretiens, se perdre sur les petites routes du centre de l’île, visiter un château, tester trois restaus dans trois villes différentes en un seul soir, prendre des tonnes de notes et se coucher vers minuit chaque soir : voilà un exemple de ce qui peut remplir la journée d’un auteur de guide.
Il lui faut se mettre dans la peau d’un touriste en vacances pour mieux anticiper ses besoins et ses questions, tout en gardant un point de vue professionnel : voilà son dilemme.
N’imaginez pas que l’on prenne le temps de bronzer ou de se faire une petite sieste : l’auteur reste à l’affut de toute info nouvelle et intéressante, constamment.
Le soir venu, il faut encore trier la doc, classer les factures, faire un peu de compta, stocker les photos et refaire sa valise pour repartir souvent dès le lendemain. Un rythme effréné mais une façon de voyager tout aussi passionnante : je connais désormais la Sicile d’une façon bien plus précise qu’après mes deux premiers séjours en tant que touriste. Les rencontres sont aussi différentes : on veut fouiller, aller jusqu’au bout des infos, en apprendre toujours plus… Chaque détail compte, et on inspecte tout à la loupe. J’ai d’ailleurs développé un drôle de réflexe : depuis ce reportage, je ne visite plus aucun restau sans aller inspecter ses toilettes !
Le retour et l’écriture
Une fois de retour de voyage, c’est le moment de l’écriture. En plein mois d’août, sous une chaleur plombante, je suis passée de journées au grand air aux journées devant l’ordinateur. J’ai commencé par le plus fuyant : les bonnes adresses. A partir de mes notes, j’ai rédigé les notices de tous les restaurants, pâtissiers, glaciers qui ont retenu mon attention et qui méritent le détour. Puis, est venu le moment des pages les plus intéressantes : les balades secrètes et les randos. Enfin, dans un deuxième temps et après une petite parenthèse de vacances (des vraies) dans les Marches, j’ai repris l’écriture pour terminer le travail avant mon déménagement à Venise.
Ce type d’écriture était assez nouveau pour moi : il faut réussir à faire rêver et à évoquer de belles images tout en ayant un style précis, informatif. Les phrases ne doivent pas être trop longues, elles doivent donner envie tout en apportant l’information juste, le détail historique qui fait tout, se charger de parfums et de sensations… un bel apprentissage !
Relire, relire et encore relire
Après l’écriture est venue la relecture : l’éditrice a lu mes textes et ceux des autres auteurs et les a annotés pour demander des précisions, souligner une information trop vague, marquer un oubli. Cette phase du travail est également très formatrice et permet vraiment d’améliorer le contenu et d’avoir un résultat qui transmette les bonnes informations au lecteur.
Une fois toutes les interrogations closes, c’est un correcteur professionnel qui prend en charge le texte pour supprimer les erreurs d’orthographe qui pourraient s’y glisser.
Les textes sont mis en page et l’auteur les reçoit pour les valider avant qu’ils ne partent en impression. Un grand moment d’émotion face à un PDF ! Je n’imagine même pas ce que ça va donner une fois que le guide sera entre mes mains !
Un métier addictif : c’est reparti pour un tour !
Après avoir pris beaucoup de plaisir à faire ce boulot, j’ai le grand bonheur de pouvoir à nouveau l’exercer ! En parallèle de mon travail de prof de FLE à Venise, je vais en effet réaliser la mise à jour du guide Un grand Week-end à Venise ! Le processus recommence : pour l’instant, j’en suis à la phase de recherches intensives pour connaître la destination sur le bout des doigts et en savoir le plus possible sur Venise avant d’étudier le guide en profondeur pour estimer ce qu’il sera pertinent d’y ajouter.
Voilà, cet article est terminé, j’espère avoir permis à ceux qui se posent des questions sur le métier d’auteur de guide de mieux le comprendre. Si vous avez des questions, ou que vous voulez apporter des précisions, les commentaires sont à vous. On reparlera du Guide Évasion bientôt, car j’organiserai un petit concours pour fêter sa sortie et vous faire gagner quelques titres…
Ça a l’air d’être un sacré boulot mais passionnant!!! Oui tu as eu un coup de chance pour la prise de contact, mais c’est ton travail sur ce blog qui a fait 90% de la chose, il faut te dire que tu le mérites et sue ce n’est pas un coup de chance qui a fait que tu sois choisie et pas quelqu’un d’autre. Alors bravo, c’est vraiment génial de lire que ça peut arriver de cette façon. 🙂
Merci Cindy pour ton commentaire ! Oui c’est sûr que le blog est une bonne vitrine pour mon travail et qu’il m’a permis de mettre en avant mes compétences en rédaction. Pourtant je n’aurais jamais cru arriver à faire ce métier sans traverser une longue et intense phase de démarchage, comme quoi, dans la vie un soupçon de hasard et de chance font aussi beaucoup.
Une très chouette expérience en effet ça donne vraiment envie d’essayer !!
Merci Cécile ! Faut se lancer alors
Tu as eu beaucoup de chances… mais tu as su la provoquer cette chance ! Et puis tu fais un boulot génial ici … donc ce n’est pas tombé du ciel tout ça !! C’est Super intéressant de savoir comment tu t’es organisée … c’est pas de tout repos quand même
Merci Mitchka ! Par rapport à l’idée de chance, ça ne repose pas uniquement sur ça bien sûr mais je crois qu’il faut savoir être reconnaissant envers les circonstances favorables qui croisent notre route. Ce ne fut pas de tout repos, c’est clair (j’ai dormi plus de 12 heures d’affilée en rentrant :O)
Moi, je crois qu’il n’y a pas de hasard c’est mérité !! Un joli travail accompli alors
Merci, certes il y a toujours derrière un coup de chance du travail et des compétences et je ne veux pas dire que je ne le mérite pas mais j’ai bien la sensation d’avoir eu un petit coup de pouce du destin 😛
Félicitations pour cette belle expérience 🙂
Et un grand merci pour la mention !
Merci à toi !
C’est vraiment chouette ce témoignage… et j’imagine combien ça doit être à la fois génial et frustrant ! Génial, parce que c’est intense, et que tu aimes le pays, frustrant parce que si tu veux prendre une pause, tu n’as pas le temps. En tout cas, si j’ai cette opportunité un jour pour l’Islande, je pense que je dirais direct oui 🙂
Merci d’avoir laissé un petit mot 🙂 oui souvent je pensais « je resterais bien une semaine entière ici moi », par exemple à Syracuse, vu toutes les merveilles qui l’entourent… mais bon, je sais aussi que je retournerai en Sicile, c’est loin d’être fini entre cette île et moi ! J’espère que tu auras un jour l’opportunité de faire la même expérience en Islande alors 😀
Ca me donne tellement envie de faire la même chose: chercher des adresses, rencontrer des gens, faire des recherches et rédiger le tout après. Mon rêve!
Super article qui donne envie en tout cas.
Alors j’espère qu’il se réalisera ! Merci Constance 🙂
Je prends enfin le temps de te laisser un petit message ! C’est vraiment génial. J’espère vivre cette expérience un jour (même si, techniquement, j’ai déjà co-écrit un guide ou deux, mais c’est pas pareil d’écrire sur la ville dans laquelle on vit !!!).
C’est vraiment super, pour Venise ! 🙂 Et tout à fait mérité.
Wahou ! Depuis que je suis tout petit et que j’ai commencé à voyagé avec mes parents et le guide du Routard, je me suis toujours dit : « ça c’est un métier au top ! »
Effectivement, c’est du boulot, mais être payé pour voyager, on ne peut pas tout avoir non plus hein ? C’est quand même plus sympa que derrière un bureau dans un immeuble gris 40h par semaine 🙂
Merci pour ce partage et bonne continuation !
Un guide voyage c’est chouette car c’est complet, par contre en tant que Blogueur, soyons honnête, c’est vraiment long à faire! Parfois, ce qui m’offusque quand j’en faisais un sur mon jadis blogue, c’est que personne l’avait lu après 6 mois et avait aucun classement poir avoir des visites, quand j’avais passé genre 10 heures dessus! Depuis, ça m’a démotivé à en faire un!
Wow, ça doit tellement être une belle expérience!