J’ai demandé à Chat GPT d’écrire à ma place : l’IA n’aura pas ma peau

photo : un train passe le long de la côte dans le parc naturel des Cinq Terres en Ligurie.

Vous en avez peut être entendu parler : depuis quelques temps, le Chat GPT, intelligence artificielle, défraie la chronique. Cette machine est en effet capable d’écrire à peu près sur n’importe quel sujet. Il suffit de demander, et voilà qu’elle démarre au quart de tour. En réponse à vos requêtes, le texte apparaît sous vos yeux, correctement rédigé. Compréhensible. Pire : pertinent.

Les journalistes, les auteurs et les professionnels de l’écrit en général ont commencé à perdre leurs cheveux (pour ceux qui en ont encore). Le Chat GPT va-t-il nous remplacer ?

D’autres ont trouvé rigolo de confier justement des missions à la machine, pour en mesurer les compétences. Allant même jusqu’à lui demander d’écrire un bouquin, mis en vente sur Amazon puis retiré une fois l’expérience conclue.

J’ai voulu en avoir le cœur net. Le robot aurait-il pu écrire L’Italie en train à ma place ? Voire mon premier livre, celui sur Venise ? Alors je me suis connectée et je lui ai demandé de le faire.

Chat GPT, raconte-moi une histoire

Premier essai, plutôt facile. Voici la consigne : « Propose moi un itinéraire rédigé dans un style léger et descriptif pour une semaine de voyage en train en Vénétie, de Venise à Vérone en passant par Padoue ». Sans l’ombre d’une hésitation, en moins d’une minute, voici ce que nous pond notre robot.

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La machine écrit vite. Trop vite. Hey, Chat GPT, on t’a pas appris à tourner ton clavier 7 fois sur ton bureau avant de taper ?

Parce que si à première vue, c’est plutôt impressionnant, à bien y regarder, notre ami le chat raconte pas mal de bêtises. En jaune, j’ai souligné toutes les informations approximatives, voire erronées. Entre les peintres interchangeables (Giusto de Menabuoi, Giotto, même combat) et les remparts de Vérone qui ne sont pas tout à fait ouverts au public, en passant par la gastronomie locale réinventée (les bigolis in saor deviennent un riz aux sardines)… on peut dire que la machine à du mal à croiser les sources pour vérifier l’information.

Sans parler de son petit côté flemmard : après avoir détaillé les jours 1, 2 et 3, on nous balance le reste du programme comme ça, allez, débrouillez-vous.

Côté style, on est très loin de ce que j’imaginais, c’est-à-dire un texte à la fois fluide, agréable à lire et informatif.

Capitale du cliché

C’est peut-être la requête qui limite la machine, essayons autre chose. Je change ma consigne :  » Dans un style narratif agréable à lire, propose-moi un itinéraire en train en Italie d’une semaine. »

Laissons-donc un peu de liberté à ce robot déjà asphyxié par le joug de l’exploitation humaine avide de textes. Alors, on va où, on fait quoi ? Voici sa réponse.

Bon. On a fait un effort, abandonnant la liste à puce au profit de phrases plus élaborées. Mais pour l’originalité, on repassera. On dirait la copie d’un collégien en mal d’imagination souhaitant impressionner son professeur. Vérone… hum… la ville de l’amour, allez, ça va plaire au prof ça. Rome ? Google, surnoms de Rome ? La ville éternelle ? Stylé !

Bouh, Chat GPT, qui aligne les banalités et nous invite à prendre l’avion ! Pas trop d ans l’air du temps, l’IA.

Copie-moi franchement

Niveau style, on est encore loin de ce que j’écrirais réellement. Mettons donc les pieds dans le plat, et demandons au robot d’écrire comme moi.

Au pire, il ne comprendra pas, au mieux, son intelligence artificielle l’informera que j’ai un blog, et le bougre sait directement où copier. Je tape donc le message suivant :  » Dans le style de Lucie Tournebize, raconte moi un voyage en train en Sicile. »

A mesure que le texte s’affiche, je commence à transpirer à grosses gouttes. C’est caricaturalement ça. J’aurais PRESQUE pu écrire ce texte. Mais voilà que la bête s’essouffle, et que le style s’affaisse. Plus ça va, moins c’est bien. Sans pêcher pour excès d’orgueil, je trouve que j’écris mieux que ça. En même temps, mon égo blessé ne peut s’empêcher de souligner – en bleu – quelques expressions, clichés éculés auxquels j’ai parfois recours.

Note pour moi-même : arrêter de dire qu’une vue est à couper le souffle.

Progresser à l’écrit grâce à Chat GPT

Bref, ce n’est pas demain que l’intelligence artificielle écrira des livres à ma place. Mais ses tics d’écriture devraient m’encourager à m’interroger sur les miens. A force de reportages, d’articles, de livres et de guides, j’ai parfois l’impression de tourner en rond. D’user jusqu’à la corde les mêmes mots, d’élimer les clichés et les expressions toutes faites. Contre ce mal auquel tout professionnel de l’écrit se retrouve nécessairement confronté, Chat GPT m’apparaît comme un possible antidote. Le lire débiter les clichés et les phrases toutes faites donne envie de faire mieux, et aide à identifier ce qui barbe et redonde dans un texte.

Merci, cher robot.