Ces artistes qui n’ont pas gagné Sanremo 2023 mais que vous devriez découvrir

Photo : Amadeus, présentateur du festival de Sanremo – crédits photo Rai1

Le festival, que les italiens surnomment « la kermesse », vient de se terminer. Et personnellement, je suis un peu déçue du classement. En effet, à part le gagnant, Marco Mengoni, dont les capacités vocales et les vestes en cuir m’ont plutôt convaincue, les quatre autres ne font pas vraiment partie de mes préférés. Ou plutôt, disons que certaines voix auraient vraiment dû figurer au palmarès, selon moi. Mais au lieu de me lamenter sur les raisons qui expliquent ce décalage entre mes goûts personnels et les vainqueurs, je vous propose une sélection très personnelle d’artistes ayant participé au festival de Sanremo 2023, et que vous devriez connaître.

Colapesce e Dimartino, Splash

On va commencer par mes préférés, ceux qui auraient largement mérité de représenter l’Italie à l’Eurovision selon moi. Car oui, si vous ne le saviez pas, le vainqueur de Sanremo est choisi d’office pour aller à l’Eurovision. Duo sicilien, Colartino, comme on aime abréger leurs noms, revient à Sanremo après avoir marqué l’édition 2021 avec leur Musica Leggerissima. La chanson présentée, baptisée Splash, évoque immédiatement une série de titres du répertoire pop italien, de Mare Mare de Carboni à Volare de Modugno. Entre mer turquoise et métro bondé, le texte fait dialoguer vacances et performance. Vie leggerissima et métropole trépidante. Je l’ai déjà écoutée plus d’une cinquantaine de fois, et de la mélodie au texte, je suis conquise. Petit plus, le clip, avec son univers détonnant, ajoute un niveau de lecture au texte, déjà déroutant.

Madame, Il bene nel male

Madame, tout juste sortie d’une zone de turbulence où elle avait plongé avec la polémique sur son faux green-pass (elle a ensuite promis de réaliser tous les vaccins nécessaires), en est elle aussi à son second festival. Après Voce, en 2021, elle revient avec Il bene nel male, chanson qui aurait du s’intituler Puttana. Une polémique à la fois, l’artiste aurait préféré changer de titre, probablement pour ne pas choquer un public italien un peu conservateur. En plus de sa proposition sanremese, je vous conseille d’écouter son premier disque, qui m’avait personnellement plus convaincue que son nouveau single.

Elodie, Due

Elle a une prestance scénique folle, un style de dingue, une voix maîtrisée, ses morceaux donnent envie de danser et ses textes sont loin d’être superficiels. Bref, Elodie mériterait d’être plus connue à l’étranger. Pour sa troisième participation au festival, elle présente Due (deux), une chanson d’amour qu’on se surprend à fredonner plusieurs jours après l’avoir écouté. C’est un peu moins mon style musical, mais quand il y a du talent, il faut le dire. Brava Elodie.

PS : inutile de préciser que c’est une immense bombe et que chacune de ses apparitions provoque des décrochages de mâchoire au public, toutes orientations sexuelles confondues.

Coma_Cose, L’Addio

Duo à la scène comme à la ville, le couple formé par les artistes Fausto Lama et California est aussi cool que caricaturalement indie. Comme toujours, leur chanson parle de leur relation, qui aurait pu se terminer par un adieu (addio) mais qui a su au contraire se renforcer. La crise est bel et bien passée : les deux ont profité de la semaine du festival pour annoncer leur mariage, qu’ils imaginent comme un moment « punk ». A les voir sur scène le soir de la finale, se dévorer des yeux et se lancer des « sei bellissima », « toi aussi », on a forcément le cœur qui se change en guimauve. Un peu trop sucré, mais tout de même, un de mes morceaux préférés cette année.

Rosa Chemical, Made in Italy

La prestation de Rosa Chemical s’annonçait sulfureuse, on n’a pas été déçus. Déjà interpellé avant le festival par une députée de Fratelli d’Italia (parti de Giorgia Meloni), l’accusant de « propagande transgenre », l’artiste a choisi d’en rajouter une couche. Débarquant sur scène dans une chemise trouée au niveau des tétons, il a entonné son hymne ironique et provocateur au Made in Italy, avant de s’élancer vers le public pour twerker sur les genoux du rappeur Fedez. Le prenant par la main, il l’a ensuite entraîné sur scène, où il lui a roulé une énorme galoche. Un baiser (avec la langue !) entre deux hommes à une heure de grande audience, Gesù! On a pas fini d’en entendre parler. Au delà du scandale, le morceau mérite d’être écouté.

Levante, Vivo

Levante, artiste sicilienne pour la seconde fois sur la scène de l’Ariston, le théâtre où se tient Sanremo, est une des artistes qui me touche le plus. Avec Vivo (mot qui signifie à la fois « je vis » et « vivant », selon le contexte), elle évoque un moment particulier de son existence, celui du post-partum. Fait d’ombre et de lumière, de joie et de magie mais aussi de solitude et de trouble. En plus de ce titre, elle a également interprété avec brio Vivere, de Vasco Rossi, lors de la soirée des cover, donnant au morceau une profondeur nouvelle. Bref, je suis séduite (et le clip est cool).

Mais encore ?

Allez, encore deux pour la route. Sans être complètement conquise, j’ai tout de même apprécié la performance de Ariete, jeune chanteuse de 21 ans pour la première fois à Sanremo. Enfin, mention spéciale aux Cugini di Campagna, les Cousins de Campagne. Je ne les connaissais pas vraiment avant de regarder le festival, et ils ont franchement un gros capital sympathie, avec leurs combinaisons à strass et leur grosses coupes bouclées.

A l’année prochaine pour Sanremo 2024 !