J’aime qu’on me souffle des mots à l’oreille. Qu’on me raconte des histoires, qu’on me parle d’ailleurs.
Celui qui raconte s’empare des mots, les assemble, créée un fil. Je l’attrape, je le suis, j’écoute, je lis.
Pour tisser mon imaginaire, j’ai besoin de nouveaux fils.
J’insère à la trame une couleur nouvelle, un motif inconnu jusqu’alors.
Mon imaginaire est exigeant, il n’aime pas les idées arrêtées, il réclame toujours plus d’histoires.
Pour le satisfaire, je tends l’oreille et j’écoute toutes les histoires que je peux.
Parfois, c’est un livre qui parle, qui m’appelle sur d’autres rives lointaines, inconnues ou irréelles.
D’autres fois, c’est une voix, amie ou inconnue, qui raconte et qui montre de nouvelles images.
Et dès fois, c’est une ville qui me suggère des mots. Gênes est de celles-là.
Dans les ruelles les plus basses, elle a capturé des mots qui semblent trop gros pour pouvoir s’échapper. Ils restent là, suspendus au dessus de la tête des passants, en attendant qu’on les prenne, qu’on les mette dans une histoire.
Les mots de Gênes
Chacune de mes visites à Gênes s’est faite en heures comptées. Sur la route de Venise, je m’y suis arrêtée déjà deux fois, pour changer de chevaux, ou plutôt de train.
48h pour souffler à la fin du mois d’août 2017, avant de reprendre la course du travail et de la vie quotidienne. Une quinzaine d’heures fin décembre 2018, entre deux trains.
Ces visites trop brèves sont pleines de points de suspension.
La ville commence des phrases qui se terminent brusquement, à l’angle d’une rue, alors que mon attention est attirée ailleurs.
Dans un concert de promesses, Gênes m’appelle de tous côtés.
Monter ou descendre, tourner à droite ou à gauche, chercher l’air de la mer ou le vent des collines ?
Faute de temps, je compose ma promenade comme on effleure du doigt le dos des livres sur les rayons de la bibliothèque.
Je laisse courir mon index sur les titres de tous ces chapitres que je voudrais ouvrir, sachant déjà que je ne pourrai pas tout lire. Pas cette fois, pas d’un seul coup.
Si la ville me donne envie de courir pour l’explorer toute entière, elle me force aussi à m’arrêter. Construite en équilibre sur les collines, Gênes est un sac de nœuds.
En tirant sur un fil, on passe d’un boyau étroit et profond enfoncé sous la terre, à une esplanade en hauteur, baignée de soleil et des reflets d’acier de la mer en hiver. Sans même s’en rendre compte, la ville bouscule, inverse les repères, jette des passerelles jusqu’aux toits des immeubles, creuse des galeries improbables, où restent prisonnières les odeurs de poisson frit, de pisse ou d’huile d’olive.
Rares sont les lieux qui me donnent autant envie d’écrire. D’un mot à l’autre, d’un escalier à la courbe d’une ruelle, Gênes se raconte et m’inspire.
Mon appareil photo hystérique ne fait que fixer ces promesses inachevées et l’objectif qui s’ouvre et se ferme scande l’unique phrase que j’ai bientôt en tête : « Genova, je reviendrai »…
Et vous, quels sont les lieux qui vous inspirent ? Avez-vous déjà ressenti cette attraction pour un lieu ?
Waouw, Lucie! Je lis cet article parce que tu l’as partagé sur le groupe ‘Rédaction web’. J’adore! Au diable la SEO, vive le style! Pour répondre à ta question, je partage avec toi ce billet, une histoire de sachet de sucre dans la Sérénissime… https://urlz.fr/8yIe
Merci Elise pour le partage et je dois dire que ton texte m’a beaucoup émue, il est vraiment joliment écrit… bravo !
Sono un genovese che ama la Francia; ho letto l’articolo e mi sono un po’ commosso, è un bel gesto d’amore per la mia città! Grazie, mi ha fatto sorridere in questi giorni tristi.