Chère Gênes,
Je voulais te rencontrer depuis longtemps.
Pourtant, je ne savais pas grand chose de toi. Tu es une ville antique, portuaire. Tes collines dessinent un littoral tout en pentes raides. Je t’imaginais, immergée dans le basilic, un parfum de pesto dans l’air.
Je t’avais traversée, en 2014, par l’autoroute, un souvenir un peu confus. Il faut dire que la toile d’araignée de tes voies d’insertion qui grimpent les unes sur les autres est plutôt impressionnante, voire inquiétante. Mais par moments, je t’avais aperçue, et déjà j’avais envie de te connaître.
Quand je me promenais sur le port d’Ancône, je pensais aussi à toi. Je me disais que vous étiez sûrement un peu cousines.
Fin août, je cherchais un moyen de rallier Venise pour reprendre le boulot. J’avais le temps, j’ai regardé la carte, je t’ai vue. J’ai pris mes billets.
Gênes, jour 1
J’ai faim, ho fame !
Quand j’ai vu qu’un blablacar proposait un Sète-Gênes un lundi matin à 6h, je me suis dit que les planètes s’alignaient et qu’il était vraiment temps pour moi de découvrir la Ligurie.
C’est donc vers midi, sous un soleil assez écrasant que je retrouvais l’Italie. Mon estomac gronde, mon premier réflexe : me jeter sur un morceau de foccacia. La version génoise de la pizza bianca est une pâte haute, douce, moelleuse et salée. J’ai l’impression qu’elle me dit « Ben tornata », bien rentrée.
Une fois mon sac posé, je me dirige vers le port antique. Comme à Ancône, les rues de la ville, en descente, semblent toutes y pousser le visiteur.
Sur les conseils d’amis, j’entre chez Eataly, pour admirer la vue sur la ville et déguster une assiette de caprese (mozzarella et tomates en salade).
Le fameux supermarché/restaurant dédié à l’excellence de la gastronomie italienne mérite une visite : de sa terrasse, on admire très largement la ville et son bord de mer.
Je cherche la cathédrale, Cerco il duomo !
Je réfléchis toujours mieux l’estomac plein. Je peux donc commencer mon exploration de la ville. On est en Italie : je commence par chercher le Duomo, l’église principale de la ville.
Pourquoi ?
Parce qu’en général, c’est l’une des plus belles églises et un point convergent situé dans le centre historique. Un moyen sûr de voir de belles choses quand vous ne connaissez pas une ville italienne.
A Gênes, ça ne manque pas, et en cherchant le Duomo je passe par des ruelles qui me font lever des yeux ébahis tout autour de moi.
Il faut savoir que le centre ville de Gênes est en partie classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Les vicoli, ou aussi « carusi », ce réseau de ruelles qui le caractérisent, remontent au Moyen-Âge et ont conservé l’enchevêtrement typique de l’urbanisme de l’époque.
Des ruelles que Fabrizio De Andre, chanteur de Genova, a chantées en dialecte dans sa chanson A Dumenega (le dimanche).
On m’avait dit de faire attention dans ces ruelles, réputées peu sûres. Je dois avouer qu’une fois, j’ai commencé à me sentir un peu mal à l’aise. Autour de moi, sur le pas des portes, des femmes, assises, l’une après l’autre, qui sont en fait des prostituées. Il est deux heures de l’après-midi. Circulant dans la ruelle, des hommes, ivres. Cela dit, rien de dangereux, juste une atmosphère un peu mal famée.
Je change rapidement de ruelle et finit par tomber sur le Duomo, enfin.
Le noir, les rayures, émaillées de dentelles dorées. Les marches en noir et blanc où on s’assoit pour manger une glace, où des groupes de punks à chiens* jonglent et discutent. Un lieu de vie, un point d’observation.
*moment vocabulaire : en italien, « punk à chien » se dit « punk a bestia », punk à bête, je trouve ça trop drôle.
Promenade sous les arcades, passeggiata sotto i portici
La passeggiata, c’est cette habitude toute italienne d’aller se promener en fin de journée, le long des grandes rues principales des villes. On marche, on observe les vitrines, on discute avec les amis, on croise des connaissances.
Me voilà, sans le faire exprès, le long de la via XX settembre à Gênes, en train de faire la passeggiata. Les boutiques internationales voisinent les grandes marques italiennes et leurs vitrines élégantes. Sous les arches des portici, c’est une effusion de néons clignotants qui signalent les magasins.
Entre les sols de mosaïque, les belles façades et la calligraphie vintage des néons, l’atmosphère est unique, hypnotique. Je marche lentement, regarde partout.
Rencontre avec Elena, Incontro con Elena
Pour me loger à Gênes, j’ai réservé une chambre dans un joli appartement géré en bed and breakfast par Elena, la propriétaire.
L’appartement est situé dans une ruelle piétonne du centre qui monte en escalier vers les collines. J’entre dans la petite cour, lève les yeux et aperçoit Elena au dernier étage qui me fait coucou. Dans les escaliers je suis déjà sous le charme de l’immeuble : les plafonds, les murs, tout est recouvert de fresques où domine un beau rouge carmin.
Une fois dans l’appartement d’Elena, je suis complètement bouche bée, je veux rester pour toujours. Une splendide véranda donne une vue immense sur le port antique, le salon est vaste est confortable, mon lit, énorme, est rond. La décoration, avec son style hippie et sa profusion de couleurs, de plantes, confère à l’ensemble une sensation de confort et de calme.
Je vous laisse regarder les images que j’ai faites avec mon téléphone. Si vous voulez séjourner dans ce B&B, je vous le recommande, surtout que j’ai dépensé 25€/nuit (fin août 2017), vous pouvez le trouver en suivant ce lien ! (je ne touche aucune compensation financière pour cette recommandation, je précise :))
Une première journée qui s’est achevée par une promenade sur le port et un bon plat de trenette al pesto.
Si vous allez à Gênes, sachez que le pesto, sauce locale, a ses petites préférences en termes de pâtes.
Par exemple, avec les trenette, il s’entend très bien. Ces sortes de spaghetti plats accrochent bien la sauce grâce à leur structure.
Aussi, les trofie sont les grandes copines du pesto. Ces petites pâtes à la forme enroulées se marient parfaitement à la sauce au basilic et au parmesan. Un délice !
Mon adresse :
Piazza dei Truogoli di Santa Brigida 15-17
Gênes, jour 2
Flâner dans les hauteurs, girovagare sui colli
Information intéressante : placée au milieu du lit rond, seule, les bras et les jambes en étoile, je ne touche pas les bords. Le lit est immense, j’ai dormi comme un bébé.
Je me lève et profite du petit déjeuner et de la terrasse avant de partir à la découverte des hauteurs de Gênes. On m’a conseillé d’aller au cimetière Campo Santo da Staglieno, mais j’y renonce en voyant qu’il est un peu excentré. C’est pas grave, je suis déjà tellement in love de Gênes que je sais déjà que j’y reviendrai.
Je m’embarque donc pour un voyage en funiculaire. 1,50€, une bonne demi-heure de grimpette entre tunnels et passages au milieu des jardins… me voilà au sommet de la ville.
Plusieurs possibilités s’offrent à moi :
- Faire une randonnée jusqu’à l’un des forts militaires postés sur les autres collines
- Redescendre tranquillement à travers le réseau complexe de petites rues en escalier
Comme je suis en sandales, et que j’ai déjà décidé que je reviendrai, je choisis l’option 2.
Me voilà partie pour une partie de cache cache entre Gênes, la mer, le port et moi. Au fil des virages, dans les figuiers ou les tournesols, l’horizon se voile et se dévoile.
J’ai l’impression d’être perdue, mais je sais que tant que je descends, je retourne vers le port : impossible de se tromper.
Par contre, chercher une adresse précise dans ce dédale semble épineux : je croiserai plusieurs fois deux policiers complètement paumés…
Un panino al porto
Avant de partir, j’avais demandé sur facebook ou twitter si vous aviez de bonnes adresses à me conseiller. J’ai été étonnée du nombre de lecteurs qui ont visité Gênes et j’ai croulé sous les suggestions : merci ! Certaines adresses étaient encore fermées en cette fin d’août, mais d’autres m’ont été utiles.
J’ai donc testé une adresse donnée par un lecteur, la Macelleria Gran Ristoro sur le port. Sous les arcades du port aux allures de souk, une longue file attend devant la minuscule boutique pleine de jambons et de fromages. Je me fais confectionner un délicieux panino pour retrouver des forces.
Fin de journée à Boccadasse, Fine del giorno a Boccadasse
Sur les conseils d’Elena, de mon b&b, je décide d’aller passer la fin de la journée à Boccadasse, un ancien bourg de pêcheurs accessible en bus de ville depuis Gênes.
Dans le bus, je demande au chauffeur quel est l’arrêt et on commence à discuter.
Très italien dans le verbe et le geste (oui, malgré le volant, il parle avec les mains), il me demande ce que je fais toute seule, où est mon fiancé, d’où je viens… Je lui explique que je voyage seule mais qu’en effet, je reviendrai sûrement avec mon amoureux car la ville m’a séduite. Il m’explique alors en riant où trouver le point de vue parfait pour photographier Boccadasse, pour envoyer la photo à mon copain.
« Si avec ça, ton fiancé ne tombe pas complètement amoureux ! Tu verras, la prochaine fois il ne te laissera pas toute seule ! »
On rigole, il me montre encore certains sommets en me donnant encore d’autres conseils pour un weekend romantique. Grazie, grazie, je suis arrivée.
Mon weekend à Gênes se termine. Le lendemain, je prends un autre covoiturage pour rentrer à Venise après 2 mois à vadrouiller. Il est temps de retrouver mon boulot, mon appart et ma vie insulaire…
Mais une chose est sûre : si Gênes est l’ennemie historique de la république de Venise, moi, j’ai bien l’intention de faire la paix avec ce si beau port…
Pour finir, voici une petite carte avec les lieux cités par l’article, pour vous repérer plus facilement !
cette ville est en effet magnifique !
J’ai beaucoup aimé ! Merci pour ton commentaire 🙂
ah comme toi, nous avons traversé Gênes … et quel bordel cette autoroute !! mais je regrette tellement de ne pas m’être arrêté quand je vois tes photos et lis ton enthousiasme !
Ah oui, c’est effrayant l’arrivée à Genova par l’autoroute, mais quand on finit par gagner sans encombres le centre ville et laisser sa voiture dans un parking gardé, alors cette ville portuaire très animée s’offre au visiteur et dévoile ses trésors historiques. Je conseille aussi la balade en bateau dans le port : les installations sont impressionnantes et colorées.
Je comprends ta déclaration d’amour à Gênes. Merci pour cet article enthousiaste !
Merci du conseil Alain ! Je n’ai pas testé cette balade, ce sera pour un prochain voyage 🙂
C’est parti pour nous aussi …
Ton récit nous a convaincus.
Merci pour les tuyaux !
Comment continuer à faire un rêver un passionné de l’Italie du sud en quelques lignes 😀
Superbe article Lucie, un grand bravo. J’ai super envie d’aller y faire un tour maintenant …
PS : on est bien d’accord que Gêne se trouve au nord hein, ça me fait rêver du nord de l’Italie pour varier les plaisirs *
Bien sûr, mais elle a déjà quelque chose du sud, peut être incarné dans son chaos et sa multiplicité de port méditerranéen… je l’ai souvent entendu dire !