photo – Palazzetto Bru Zane à Venise
Quand je faisais mes valises pour venir m’installer à Venise, je me demandais à quoi pourrait bien ressembler la vie locale. Irais-je faire mes courses en gondole ? Devrais-je étendre mon linge coloré au dessus d’un petit canal ? Mais surtout : à quoi ressembleraient mes soirées ?
Sans trop savoir pourquoi, je m’imaginais que la vie sociale et culturelle, à Venise, serait faite de robes à paillettes, de lustres de Murano et de coupettes de champagne.
Autrement dit, un peu mondaine.
Je ne m’étais pas forcément trompée, à quelques détails près.
D’abord, sur la tenue : le goût vénitien tolère bien la paillette, le brillant, l’excentrique. Mais aussi les looks bien moins sophistiqués, la décontraction.
Et puis, sur la boisson : au champagne, ici, on préfère le Prosecco. C’est moins snob, et c’est plus local.
Restent les lustres qui, eux, sont réellement en verre de Murano.
Ma véritable erreur consistait surtout à imaginer la société vénitienne du XXIe siècle comme élitiste. J’étais très loin du compte. Dans la ville lacustre, ou tout le monde se déplace à pied, les soirées au palais ne sont pas réservées à une élite.
Certes, les somptueux palais sur le Grand Canal sont pour la plupart le siège d’hôtels, de fondations et de riches résidences. Mais c’est loin de refléter la réalité de la vie sociale et culturelle vénitienne, qui m’a beaucoup surprise quand je me suis installée en ville.
Un palais, c’est juste un palazzo
Quand je suis arrivée à Venise et que j’ai commencé à fréquenter la ville, j’ai compris qu’ici, les palais n’étaient « que » des palazzi. Je m’explique.
En italien, un palazzo, c’est un bâtiment. Immeuble, manoir, hôtel, maison, résidence ou building, les traductions proposées par le dictionnaire sont nombreuses.
En français, on est tenté de traduire palazzo par palais, charriant ainsi tout l’imaginaire du luxe, les gros tapis, les grands escaliers, les cristaux précieux et les miroirs.
Alors qu’en italien, le terme de palazzo n’est pas nécessairement connoté luxe. Ça dédramatise. Une fois qu’on le sait, on est moins impressionné de passer sa première soirée dans un palais.
Un concert au Palazzetto Bru Zane
« Ça te dit de venir écouter un concert de musique romantique française ?«
Quand une collègue m’a posé cette question, ça m’a déconcerté. Je n’y avais jamais pensé. La musique romantique – française ou pas – je ne savais même pas ce que c’était.
Alors quand j’ai appris qu’un palazzetto caché dans une ruelle du quartier de San Polo se consacrait à l’étude et la promotion de ce genre musical, ça m’a surprise. Et intriguée.
C’est super, mais ça doit coûter cher ce genre de soirée, me suis-je dit ensuite.
« Les places sont à 5€ pour les jeunes », me relança ma collègue.
Ah ? Et si je n’y comprenais rien ? Après tout, pour 5€, je pouvais bien tenter la découverte. C’était la première fois que j’allais à un concert où je ne risquais pas de me faire renverser de la bière dessus dans un pogo, et j’étais un peu impressionnée.
Le soir du concert, j’ai donc enfilé une jolie robe avant de me rendre dans la petite ruelle où se cache le Palazzetto Bru Zane. J’ai poussé la porte : derrière, un jardin parfumé par les glycines.
Leur billet montré au guichet, les spectateurs se frayaient un chemin vers la salle, à l’étage. Le nez levé, je m’arrêtais au milieu des escaliers pour contempler le plafond, orné d’une fresque du XVIIe siècle de Stefano Ricci, parfaitement restaurée.
En salle
L’ancien palais, autrefois casino privé de la famille Zane, est aujourd’hui un adorable cabinet musical. La petite salle de concert a quelque chose d’intime et d’accueillant, avec ses murs vert pâle décorés de stucs. Sur la scène, quatre musiciens, l’archet à la main, s’apprêtent à jouer.
« Ce soir, c’est un quatuor à cordes qui joue », me souffle mon amie, plus familière du jargon.
Peu importe le vocabulaire technique et la préparation théorique. Alors que les archets entament leur va-et-vient délicat sur les cordes, mon regard vague sur les angelots du plafond, tandis que l’oreille s’abandonne à la musique. Je suis conquise, transportée par les notes. Même si mes connaissances restent limitées, un monde nouveau s’ouvre à moi. Je découvre le plaisir d’aller au concert, que je croyais réservé à une sphère culturelle fermée. Encore une fois, Venise me montre qu’elle n’a rien de snob et que ses lustres brillent aussi pour moi.
Découvrir le Palazzetto Bru Zane, infos pratiques
Mon article vous a convaincu et vous aussi, vous avez envie de vous laisser porter par la curiosité pour vivre une soirée au Palazzetto Bru Zane ?
Voici les informations dont vous avez besoin.
- Les billets coûtent 5€ pour les moins de 28 ans.
- Le tarif plein est de 15€. Une réduction de 20% s’applique pour les membres de certaines associations ou fondations, voir la liste complète ici, ainsi que pour les résidents de Venise.
- Les billets sont en vente en ligne sur Ticket Master ou directement au Palazzetto Bru Zane, du lundi au vendredi de 14h30 à 17h30.
- Si vous n’avez pas réservé, les places restantes sont vendues chaque soir de spectacle une heure avant la représentation.
- Le Palazzetto Bru Zane se trouve à moins de 15 minutes de la gare à pied, entre l’église des Frari et la Scuola Grande di San Giovanni Evangelista.
- Certains concerts ont lieu dans la salle non moins splendide de la Scuola Grande di San Giovanni Evangelista. Au moment de la réservation, vérifiez bien le lieu pour ne pas vous tromper.
Envie de découvrir les lieux avant d’y écouter un concert ? Le Palazzetto Bru Zane est ouvert tous les jeudis pour des visites gratuites, et tous les jours pendant le Carnaval, cette année du 24 février au 1er mars.
Carnaval est arrivé !
Le Carnaval de Venise est l’occasion privilégiée de vivre une soirée dans un palazzo. A l’occasion, le Palazzetto Bru Zane enfile son plus beau costume et propose une programmation spéciale.
Au programme cette année, Le 66! une opérette de Jacques Offenbach. Dans ce spectacle comique adapté aux familles, deux cousins, Franz et Grittly, musiciens ambulants originaires du Tyrol, se rêvent en vainqueurs de la loterie, grâce au numéro 66, qui leur permettrait d’empocher 100 000 florins. Un colporteur ambulant leur révèle qu’il s’agit justement du numéro tiré au sort ! Franz décide de devancer la fortune, emprunte la somme et part à la ville pour la dilapider. La situation se renverse lorsqu’il découvre que le gagnant est en réalité le possesseur du n° 99… L’opérette, qui rencontra un franc succès auprès des bourgeois parisiens, est ici proposée dans une mise en scène participative au son d’une clarinette, d’un piano et d’un trombone.
Trois représentations sont prévues, les 25, 26 et 27 février.
Samedi 26 à 17 heures, le public pourra rencontrer la metteuse en scène Victoria Duhamel et le clarinettiste Rozenn Le Trionnaire lors d’une discussion informelle. Pour réserver gratuitement votre place, cliquez sur ce lien ou écrivez un message à contact@bru-zane.com.
Et enfin, pour rester informés de la programmation et des événements du Palazzetto Bru Zane, cliquez sur le bouton ci-dessous :
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Cet article est écrit dans le cadre d’un partenariat rémunéré avec le Palazzetto Bru Zane. Les photos qui illustrent l’article m’ont été fournies par le Palazzetto Bru Zane.
j’ai vu le 66! au festival d’Avignon, rires garantis! Et à Venise, cela doit avoir une saveur particulière!
Dans ce genre de lieu magique, tout paraît tellement plus beau.
…je suis violoniste dans un orchestre symphonique français et je connais l’action du palazetto BruZane, très engagé !
Mais surtout je voulais réagir sur le fond de ton article : non, la musique classique ce n’est pas ch…, ni encore moins réservé à une » élite » d’initiés. Ça se déguste avec les oreilles, et ça c’est à la portée de tous
Je ferais volontiers une comparaison avec la gastronomie : certes si on t’emmène dans un super super resto, tu n’auras peut-être pas toutes les références pour totalement » comprendre » ton expérience, en revanche l’émotion gustative tu l’auras !
Les sons c’est une émotion qui nous traverse, c’est très physique en vérité, il faut aller au concert une seule fois pour le comprendre. Et puis l’oeil se régale aussi à regarder les musiciens jouer !
Absolument d’accord ! Ce qui est élitiste, souvent, c’est le prix des concerts, et les codes que tout le monde n’a pas qui peuvent freiner (comment on s’habille, est-ce qu’on va comprendre, etc, exactement comme au restaurant gastronomique, en effet !)