Itinéraire bis en Toscane : insolite Valdera

Itinéraire bis en Toscane : insolite Valdera

De la Toscane, on a tous en tête l’image brossée au pinceau d’une route sinueuse, d’une allée de cyprès, d’une colline blonde dans la lumière douce d’un soir d’été. C’est la carte postale de l’Italie champêtre par excellence. Ceux qui ont visité la Toscane confirmeront : ce n’est pas un cliché. Ils en reviennent la tête pleine d’images de routes en lacets, de villages de pierre, de dégustations de vin avec vue sur les oliviers à peine agités d’une douce brise. Les itinéraires les plus connus portent aux alentours de Sienne, dans le Chianti, au sud, autour de Florence, vers Arezzo. Aujourd’hui, c’est dans une autre Toscane que je vous emmène. Moins sillonnée, moins célèbre, tout aussi jolie. Au gré des villages, d’une table à l’autre, partons faire un tour en Valdera !

Le Valdera, c’est où ?

En Toscane.

Super, merci.

Pour être un peu plus précis, le Valdera est une région vallonnée qui longe le cours de l’Era (val+era). Avant de porter un nom aussi farfelu, on l’appelait tout simplement la région des collines pisanes.

Vous l’avez deviné, on n’est pas loin de Pise. Nooooon !? A 15 minutes de train, 30 en voiture, pour être précis. Florence n’est pas loin non plus, à l’est de la région : 45 minutes de train ou 1h20 de voiture.

La ville principale de la région s’appelle Pontedera. Les étymologistes avertis auront reconnu « pont » et « era » dans le nom : eh oui, c’est d’ailleurs ici que la rivière rejoint l’Arno, le fleuve Florentin.

Passionnant ! Passons à la carte :

Pour ce voyage, j’ai répondu à l’invitation de l’office de tourisme du Valdera qui m’a défrayée pour les transports et l’hébergement et a organisé les visites sur place. Merci beaucoup à eux et à l’hôtel La Pace à Pontedera ! L’article, lui, est construit selon mes propres critères et en fonction de ce que j’ai trouvé intéressant de partager avec vous 🙂

C’est vrai qu’ils sont plaisants, tous ces petits villages

A-t-on vu plus charmant qu’un village Toscan ?
Après avoir écrit cet alexandrin, j’aurais pu laisser l’élan lyrique s’emparer de moi pour vous chanter en vers la beauté des villages. Le temps qui s’est arrêté sur la place du marché. Les vitrines des boteghe toutes brillantes et lustrées. Le petit café au comptoir duquel deviser. Le château pavoisé dominant la vallée. L’église sonnante de cloches, sa fraîcheur encensée. La campagne dressée de cyprès, bougainvilliers. Ça aurait eu le charme des trucs un peu vieillots.

Mais nous sommes au XXIe siècle et je n’ai pas le temps pour un sonnet nostalgique au bon goût d’antan.

D’autant plus que cette Toscane existe bel et bien. Je vous emmène faire un tour dans le bourg des cerises : Lari.

Le village de Lari

Valdera Toscane
Un coin de village comme je les aime

Quel que soit le côté par lequel on arrive à Lari, l’unique route qui traverse le village se fait raide. Le château, tout en haut de la colline, semble imprenable, encore renforcé par un mur d’enceinte.

Le Château des Vicaires domine la colline de Lari depuis des temps immémoriaux. Sa mémoire écrite remonte au XIe siècle : un document atteste la vente d’une parcelle de terrain pour le prix d’une épée. Prenons donc l’escalier, gagnons la cour du château, décorée de blasons.

Visiter Valdera Toscana - Le Château de Lari
Je ne vous en montre pas plus car rien ne vaut l’expérience 🙂

De là, par temps clair, la vue s’étend des montagnes jusqu’à la mer et on distingue même la silhouette penchée de la tour de Pise. Dans le château, la visite est interactive, guidée par l’hologramme du Vicaire en personne. On traverse les prisons, la salle du Tribunal, les oubliettes et les appartements du Vicaire.

L’entrée au château coûte 4€ et vaut le coup car vraiment riche, mais on peut accéder gratuitement au belvédère.

Les irréductibles fabricants de pâtes

En redescendant au village, grand comme un mouchoir de poche, on tombe forcément sur le fabriquant de pasta de la famille Martelli. Leur logo ? Une forteresse du haut de laquelle de vaillants artisans défendent la tradition à coup de penne rigate et de spaghettis. Leurs ennemis ? Les pâtes industrielles, fabriquées avec des temps de préparation réduits, de hautes températures et une trafilatura au téflon.

C’est du charabia pour vous ? La visite de l’atelier Martelli est l’occasion d’en apprendre plus, beaucoup plus, sur la fabrication de la pasta.

Visiter Valdera Toscana

Une leçon dispensée avec humour par un membre de la famille pas avare de blagues, que je retranscris ici en bref.

Pour faire de bonnes pâtes, il faut :

  • Du blé dur. Qui donne de la semoule de blé dur. En Italie, on ne peut pas produire des pâtes de farine de blé tendre. Alors qu’en France, on peut mélanger les deux. Bouh, mauvais point pour la France !
  • De l’eau à température ambiante. Qu’on va mélanger à la semoule de blé dur. C’est l’impasto ! La température est importante pour la production de gluten.
  • Une trafilatrice di bronzo. C’est la machine qui donne sa forme aux pâtes. Si elle est en bronze, qui est un alliage de métaux, elle va conférer aux pâtes une surface rugueuse. Pourquoi c’est bien ? Parce que ça va permettre à la sauce d’accrocher quand on va les manger, et que la sauce, c’est bon. Le téflon, lui, ne permet pas ce procédé, mais rend possible l’accélération de la production.
  • 50 heures de libres. Oui, pendant 50 heures, les pâtes vont sécher. Parce qu’il ne-faut-pas stresser les pâtes, souligne notre guide, l’œil menaçant. Les marques qui produisent en masse tendent à réduire ce temps à 3 heures, ce qui semble beaucoup moins. Pour ça, on surchauffe la pièce de séchage, afin d’accélérer le processus. Ce temps influe sur la formation du maillage de gluten (je traduis librement reticolo glutenico) et « à la digestion, ça se sent », affirme le guide.

La petite fabrique de Lari produit 1000 kilos par jour. Pour vérifier les dires de notre guide, j’en ai acheté un paquet, que j’ai cuisiné à mon retour avec une sauce aux artichauts, pecorino poivré et speck : j’ai bien digéré. Je me suis régalée.

Une assiette de pasta martelli à la sauce tomate dégustée le midi

Pour continuer sur le sujet, vous pouvez lire mon article sur la préparation des pâtes. Avec ça, vous aurez de quoi jouer les pédants pendant tout le repas en bassinant vos invités sur la trafilatura di bronzo et la forme idéale de la pasta. S’ils reviennent, ce sera pour manger, c’est sûr.

Une bonne adresse pour manger à Lari : la Bottega di Canfreo

Pontedera, la vespa dans la peau

Toscana Valedera

Pontedera, c’est une petite ville qui s’étire le long de l’Era, le fleuve, donc. Quand on regarde la carte, on a l’impression que la moitié du territoire communal est occupé par une seule activité : Piaggio. Et ça n’est pas qu’une impression, car l’entreprise qui a popularisé la vespa est bien une native de Pontedera. Si la production a sensiblement baissé par rapport à l’âge d’or, on y trouve encore des ateliers et un musée, temple de la petite bestiole vrombissante.

L’entrée du musée Piaggio

>> Entrée gratuite, du mardi au samedi + 2e et dernier dimanche du mois 10h-18h

En toute logique, après la visite du musée, nous avons enfourché nos bécanes pour partir sur les routes explorer les alentours.

A vespa sur les collines

Au guidon de nos vieilles vespas, nous quittons Pontedera par les petites routes. Une précision pour l’amour de l’exactitude et des faits vérifiés : ça n’est pas moi qui conduisait, dommage (ou pas, on ne saura jamais).

Je reprends donc : « Installée sur le siège en skaï d’une vieille vespa conduite par Giovanni, je quitte Pontedera par les petites routes. »

Nous filons vers Forcoli, sur la départementale, il n’y a pas un chat. Dans ce petit village, nous rencontrons un vieux monsieur dans son « salon » : une fiat 500 bleu outremer. Tous les jours, on le trouve là, à lire le journal devant sa maison. L’homme n’a pas toujours été si casanier : ancien pilote de rallye, il raconte son voyage de Milan à Taranto en 17h sans jamais s’arrêter.

Nous repartons sur la route qui grimpe désormais en lacets vers les villages de Palaia, Coleoli, Montefoscoli. D’adorables bourgades qui jouent la partition de la Toscane à la perfection, avec tout le répertoire de pins parasol, cyprès, vieilles pierres, etc.

Dans ce paysage désormais familier et presque attendu, pointe soudain une étonnante architecture. Au milieu du bois, un temple néoclassique et ses massives colonnes. Nous sommes sur le terrain de jeu d’un autre personnage atypique de ce coin de Toscane : Andrea Vaccà Berlinghieri. Le monsieur, car Andrea est bien un prénom masculin en Italie, est docteur au village voisin, mais aussi adepte de la franc-maçonnerie.

Visiter le Valdera : Temple de Minerve
Le Temple de Minerve, au milieu de nulle part.

A l’intérieur, le docteur et ses amis organisaient leurs rituels dans un espace étonnant fait de jeux de lumière et de trompe l’œil. A condition de savoir les lire, on s’amuse à chercher les symboles mystiques, nombres magiques, triangles, chouettes et oliviers qui convoquent l’esprit de Minerve, déesse adorée des médecins.

>> Location de vespa d’époque ou non : http://www.valderainvespa.it/

Notre voyage prend fin, et avec lui cet article, un peu trop dense, un peu trop fouillis, qui justifie un dernier paragraphe :

Le Valdera en Toscane en bref :

Une région qui :

  • A les traits charmants de la Toscane la plus classique
  • Mais n’est pas très fréquentée
  • Propose beaucoup d’activités gastronomiques
  • Se parcourt en vespa mais aussi à cheval, en voiture ou en vélo
  • Se prête idéalement à des vacances hyper détente sans avoir la pression de visiter toutes les églises de Florence à Sienne
  • M’a donné envie d’y retourner plus longuement.

Si vous avez envie d’en savoir plus, l’office de tourisme vient de lancer son site d’informations très complet et facile à utiliser. Bon voyage !

Voyage effectué en avril 2019.


2 thoughts on “Itinéraire bis en Toscane : insolite Valdera”

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