#HistoiresExpatriées – Pourquoi es-tu partie ?

#HistoiresExpatriées – Pourquoi es-tu partie ?

Ce mois-ci, c’est Jéromine du super blog l’Archivoyageuse qui nous propose un nouveau thème pour notre rendez-vous mensuel #HistoiresExpatriées.

C’est une question difficile que nous a posée Jéromine. Pourquoi es-tu partie ? Oui, pourquoi ? Quelles raisons étranges, plus ou moins conscientes m’ont-elles poussée à remplir ma valise pour m’expatrier à Rome, en Espagne, à Venise ?

La question est vaste. Je vais essayer d’y répondre, mais je ne suis pas bien sûre d’y parvenir.

Quand tout est possible…

La loterie du premier départ

La première fois que j’ai décidé de laisser mon quotidien et ma vie montpelliéraine derrière moi, c’était en 2010.

Je me rappelle la longue liste de destinations ouvertes du programme Erasmus.

Les nuits passées à lire les pages wikipédia de lieux exotiques et inconnus comme Reykjavik, Barcelone, Londres ou Florence.

Tous les ailleurs m’attiraient. Apprendre l’islandais, suivre des cours en catalan, perfectionner mon anglais…

Partir oui, mais où ? (gare de Sète, été 2015)

J’ai fait des listes, cherché à raisonner, dit des choses comme « Je vais choisir Londres ce sera mieux pour mon CV ».

Et puis un jour deux syllabes se sont détachées de la liste des villes. ROME. Un tout petit mot qui s’est mis à battre dans ma tête comme une idée fixe.

Est-ce la faute des cours de latin, de la mythologie, de mes lectures d’enfance ? Mon idée de Rome était vague, ma connaissance de l’italien inexistante, mais c’était une évidence.

J’ai envoyé ma liste de voeux et j’ai attendu, en regardant les films de Nani Moretti. Jusqu’à ce qu’en février 2011, la réponse arrive : j’étais sélectionnée pour partir à la Sapienza, l’université de Rome.

L’expatriation : une expérience addictive

Compter les t-shirt, choisir les chaussures, renoncer à une partie de son armoire, abandonner sa bibliothèque.

Empiler les carnets de voyage et les journaux intime, remplir une valise et un sac à dos de 70 litres.

Monter dans le bus et arriver 18 heures plus tard, un 22 août 2011, à moitié assommée, dans la chaleur étouffante de la gare de Tiburtina à Rome.

Découvrir une nouvelle lumière, la lumière orange et chaude de Rome. De nouveaux parfums, ceux des pins, de l’asphalte chaud, des impanadas de mon coloc argentin. Du bruit, partout. Baroque, immense, étourdissante, fascinante. Rome.

L’Italie été une histoire d’amour – photo un peu floue faite à San Lorenzo, à Rome, été 2012

Je suis tombée immédiatement et follement amoureuse de la ville.

Vivre ailleurs est devenue ma façon préférée d’apprendre. Tout est nouveau et on apprend à chaque instant : à parler la langue, les nouveaux codes sociaux, à s’orienter, l’histoire du pays et de la ville (et à Rome il y en a), comment fonctionne l’administration, l’université, etc…

La lumière de Rome

Chaque soir en allant me coucher un tourbillon de mots nouveaux s’agitait dans ma tête. Je me souviens parfaitement du jour où j’ai appris à dire « pozza d’acqua », flaque d’eau en italien. Pourquoi ? Parce que j’ai réalisé à ce moment là le pouvoir grisant de l’apprentissage en immersion, et de comment vivre à l’étranger transformait une journée pluvieuse en opportunité pour enrichir son vocabulaire.

Et puis l’Italie me donne raison d’y vivre

J’ai choisi de partir, mais j’ai aussi choisi, finalement, l’Italie. Pour une série de hasards, la première fois.

Mon amour pour l’Italie a été fort, intense et immédiat. Mais aussi incurable.

J’ai essayé la vie à Lille, Paris et Cartagena, en Espagne. A chaque fois, j’ai voulu revenir vers l’Italie.

Pourtant la vie en Espagne était sympa aussi (photo prise sur le port de Cartagena, novembre 2015)

D’abord, vers Rome. Une deuxième expérience, comme assistante de langue, m’a permis d’approfondir mon rapport avec la ville. De la vivre en y travaillant. Jusqu’à ce que mon amour aveugle commence à voir les fêlures, les problèmes et les difficultés de la vie à Rome. Transports impossibles, degrado, pas de travail, logement au black, pas de perspectives, bref, il fallait partir.

A lire sur le sujet : Rome, en attente d’un miracle

Puis pendant ma période espagnole, j’ai continué à rêver le moyen de trouver ma place au soleil sous les pins parasols.

Voilà que le hasard entre à nouveau en scène : Venise.

Une de mes bouteilles à la mer a porté ses fruits : on a lu mon CV, j’ai réussi un entretien d’embauche, j’ai trouvé du travail à Venise.

Changement de style (Venise, novembre 2016)

Encore une fois, c’est l’amour. Plus lent à venir. Venise est une ville difficile à comprendre. Tout y prend du temps.

Je lis, j’écris et j’explore la ville. Nouvelle lumière : après les ocres de Rome, la belle lumière claire de Venise blesse les yeux avec ses reflets aquatiques coupants. On lui pardonne tout au crépuscule, quand le miroir de la lagune prend feu sur fond d’ondes bleu électrique.

Venise se fait pardonner de nous avoir brûlé les yeux (mai 2017)

Je ne sais toujours pas bien pourquoi je suis partie, mais je sais pourquoi j’aime ça. Mes plus belles émotions, mes plus grands chocs esthétiques, mes apprentissages les plus passionnants. Voilà ce que m’offre la vie ailleurs.

Je pourrais peut être me contenter de voyager pour trouver ces sensations. Le voyage se fait dans l’espace mais aussi dans le temps : en restant dans un lieu plusieurs mois, voire plusieurs années, on y vit un voyage dans ses dimensions culturelles, spatiales et temporelles. Sans attache et sans ancre, je ne sais pas bien pourquoi je suis partie mais je sais pourquoi je repartirai : parce que c’est la façon la plus intéressante de vivre que je connaisse pour le moment. En Italie ou ailleurs, qui sait ?

Cet article un peu plus personnel que d’habitude participe au troisième RDV #HistoiresExpatriées. Retrouvez les récits des autres blogueurs dans la liste ci-dessous (liste mise à jour au fur et à mesure que les auteurs publient leurs articles) :

34 thoughts on “#HistoiresExpatriées – Pourquoi es-tu partie ?”

  • Mais c’est ça, “Partir est la façon la plus intéressante de vivre”. Moi je suis partie pour avoir un quotidien extraordinaire, apprendre/vivre/voir quelque chose de nouveau chaque jour.
    Très joli texte et super de voir cette histoire d’amour avec l’Italie alors que le premier départ s’est fait sur un choix presque au hasard. En même temps, qui peut ne pas aimer l’Italie, ce merveilleux pays.

  • Belle émotion et beau parcours de vie qui s’enrichit de rencontres et de découvertes. J’aurais aimé, il y a …50 ans, emprunter des chemins inconnus. La vie en a décidé autrement et c’est la retraite qui m’offre aujourd’hui cette possibilité d’ aventure. Tout vient à point…
    Je vous souhaite encore de merveilleux enrichissements.
    Gabriella

    • Il n’est jamais trop tard ! C’est une belle chose que de réaliser ses rêves, peut importe à quel âge. J’ai eu la chance d’appartenir à une génération pour qui la mobilité est une évidence 🙂 je vous souhaite tout autant de merveilleux enrichissements, Gabriella, merci.

  • Sacré programme Erasmus ! 🙂 Je serais curieuse de savoir combien d’étudiants partis pour quelques mois ont finit expat’ par la suite. C’est quand même une belle expérience à vivre au moins une fois dans sa vie.

    • Oui, nombreux deviennent addict ! Je suis d’accord que l’expérience de vivre à l’étranger, quelques mois ou années, est très enrichissante et contribue à rendre plus ouvert d’esprit, ou du moins, à nous faire grandir.

  • J’adore ton histoire, ça me rappelle tellement de souvenirs : le choix de la destination Erasmus et l’attente de la réponse (moi je voulais aller à Bologne, c’était ça ou rien), l’arrivée après 20h de car dans ta nouvelle ville, où tu comprends plus rien mais tu sais déjà que tu vas les aimer, ces bruits, ces gens, ces odeurs et cette lumière… je n’ai pas fait le choix de rester en Italie (en partie pour certaines raisons que tu évoques) mais vivre ailleurs, mais pour quelques mois, c’est une expérience merveilleuse. Merci pour ton article ❤

    • Wahou, merci à toi pour ces mots ! J’adore Bologne aussi, après l’Italie est un pays où il est difficile de trouver une situation professionnelle satisfaisante, on doit accepter pas mal de « précarité » et ça n’est pas forcément toujours souhaitable… je comprends ce que tu veux dire.

  • Très beau récit ! Quelle folle expérience que l’expatriation ! Comme tu le dis si bien, c’est un voyage tout en lenteur, comme l’amour qui se tisse au fil du temps entre les êtres. Perpective qu’offre difficilement le voyage même au long cours. Un plaisir de te lire, collègue d’expatriation italienne ! Autre question toute bête mais : y a-t-il une condition particulière pour participer à ce rendez-vous des Histoires d’expatriées ? Bravo encore.

    • Oui j’ai pas mal recouru à la métaphore filée de l’amour dans ce texte j’avoue 🙂 Pour participer au RDV, il suffit d’avoir un blog, et d’être ou d’avoir été expat ! J’espère te compter bientôt parmi nous 😀 tu peux lire plus d’infos en cliquant sur l’onglet « Histoires Expatriées » dans le menu en haut du blog, et si tu as des questions je suis là

  • Alors c’est donc ça… l’expatriation est une addiction ? Je suis tellement d’accord il n’y a pas mieux pour découvrir un pays et sa culture. L’Angleterre n’est qu’une première étape pour moi ! Ces thèmes #HistoiresExpatriées nous amènent à nous livrer de plus en plus c’est dingue 🙂

    • Oui, j’adore car je n’avais jamais été très branchée confessions personnelles sur le blog, et finalement je m’amuse bien à écrire ces textes, et je vois de l’engouement côté lecteurs donc c’est très chouette (et je dis pas ça car c’est mon idée, vu que les thèmes sont participatifs j’ai tout à fait la sensation que ma petite idée de base a été dépassée et grandement enrichie par les participants :))

  • Ce que je retiendrai de ces témoignages, et le tien en particulier, c’est que la raison qui nous a poussé à partir finit par s’effacer devant tout ce qu’on en retire par la suite et qu’importe finalement le premier pas, le plus important n’est-il pas ce qu’il se passe après ? En tout cas je trouve ça bien plus fascinant !

  • Je crois que tout est résumé dans cette phrase : « Mes plus belles émotions, mes plus grands chocs esthétiques, mes apprentissages les plus passionnants. »

    Moi aussi je veux partiiiir !!! 🙂

  • On ne guérit jamais de l’amour pour l’Italie 😉
    Tout quitter et partir en Italie c’était mon rêve de gamine. Et puis un jour j’ai pris un aller simple pour y rejoindre l’homme de ma vie, ça a été la meilleure décision que j’ai jamais prise.
    Mais la vie en Italie ce n’est pas toujours la Dolce Vita, si la jeunesse italienne fuit à l’étranger ce n’est malheureusement pas pour rien et un jour nous n’avons pas eu le choix, nous avons dû partir.
    Finalement, la vie continue ailleurs, nous avons décidé avec ma moitié de continuer à nous expatrier loin de nos pays d’origine mais un jour nous retournerons sans doute dans le plus beau pays du monde.

    Ton blog me disait quelque chose, j’avais déjà vu tes publications sur les réseaux sociaux mais je suis ravie aujourd’hui d’en découvrir plus (grâce à Gabrielle de l’Allée du monde)

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