Quand l’annonce du confinement a été officialisée, beaucoup se sont demandé comment réagiraient les italien.es. Un peuple méditerranéen, qui vit dehors, peut-il accepter de vider les rues, les places ? La réponse est oui. Les italiens et les italiennes se sont comportés avec un grand civisme, à la mesure de l’épidémie qu’il leur fallait, et qu’il leur faut encore, affronter.
Lors de mes rares sorties, la beauté de Padoue m’a sauté au visage. Vide, déserte, la rue résonne de la magnificence des palais et des églises. Les habitant.es de Venise témoignent chaque jour d’une cité surréelle, silencieuse, hallucinante. Le moment pourrait sembler idéal pour faire des photos, sur le chemin du supermarché. Les piétons et les voitures, casse-tête habituel des photographes, laissent le champ libre : enfin ?
Sur la photo de couverture, un message dans les rues de Naples « Interdiction de stationner. On crève les pneus »
L’Italie dans la rue
Mais la vérité c’est que j’adore prendre les gens en photo. Parce que les scènes de rue font le sel de tout voyage en Italie. Le monde est une scène, chaque place est un théâtre, et les représentations changent toutes les heures.
En parcourant mes archives photo (combien d’entre nous passent leurs soirées à ranger leur disque dur ?), j’ai réalisé combien j’affectionne ces scènes de rues anecdotiques, mais touchantes. J’ai préparé une petite sélection avec diverses thématiques, encore une autre façon de voyager de chez soi.
Venditori di strada
Les vendeurs de rue. Fleuristes qui recouvrent le Campo de’ Fiori bien nommé de couleurs et de parfums. Les mille petits kiosques, appelés edicole, qui continuent même en quarantaine à vendre les quotidiens nationaux, la presse locale et les revues. Ceux et celles qui s’endorment, pendant que la machine à barbapapa continue de tourner. Le mercatino vintage, où acheter une robe léopard, une chemise en soie multicolore ou une paire de pompes incroyables. Le vendeur ambulant, chargé de briquets, grigris, lunettes de soleil, gadgets qui clignotent. Ces gens qui sont parmi les plus touchés par la crise sanitaire, sans accès à leur source de revenus, la rue et ses passant.es.
De gauche à droite et de haut en bas, sur les images :
- Un fleuriste à Rome
- Une buraliste à Pise
- Une vendeuse de ballons et barbapapa en Toscane
- Un artiste de rue à Rome
- Un restaurateur à Rome
- Une vendeuse sur un marché à la fripe à Rome
- Un vendeur ambulant à Pise
Al mare
L’Italie est indissociable de la mer. Quand ils disent « il mare », les italiens englobent dans le mot la mer bien sûr, mais aussi la plage, les parasols, les glaces qui fondent, les parties de cartes. Andare al mare, c’est fréquenter tout cet univers où l’on sociabilise en slip de bain.
L’ombrellone (le parasol) se vend à prix d’or in prima fila, comme au théâtre encore : au premier rang. En marge de ces plages bien rangées que les familles plébiscitent pour leur confort, la spiaggia libera, la plage gratuite. Une bande de sable, des rochers, voire une coulée de béton, elle est parfois sublime, parfois étouffante.
De gauche à droite et de haut en bas, sur les images :
- Un baigneur qui sèche à Torre Sant’Andrea dans le Salento
- Trois femmes, à Polignano a Mare dans les Pouilles
- Des baigneurs de ville à Bocadasse, près de Gênes
I vecchietti e le vecchiette
Un mot doux et affectueux pour désigner les aînés. Prononcer « vékiéti » et « vékiété », les petits vieux et les petites vieilles. L’Italie chérit ses vieux et ses vieilles, les nonni, qui ont encore une place importante dans l’économie familiale et l’organisation du quotidien.
De gauche à droite et de haut en bas, sur les images :
- Un homme envoie des textos à Ravenne
- La boutique d’une église à Naples
- Un homme lit les notices nécrologiques à Baicoli dans la région de Naples
- Un vecchietto commande une glace à Polignano a Mare
- Deux vecchietti discutent sur un banc à Rome
I turisti
Pas d’Italie sans touristes. Ils étaient 428 millions en 2018 à visiter l’Italie, étrangers ou non. Ils bouchent les rues de Venise, font des selfie sur la place Navone, engloutissent des pizza-capuccino dans de mauvais restaus. Ce tableau est appelé à changer, au moins pour une saison, puisque les voyages à l’étranger semblent bien compromis pour 2020. Quand les touristes reviendront, j’espère qu’on aura appris à faire moins et mieux. Qu’avec la distanciation sociale, nous ne parirons plus sur le tourisme de masse. Mais c’est un autre discours, et j’espère pouvoir à nouveau photographier les errances des touristes qui, comme moi, s’émerveillent de la beauté de l’Italie.
De gauche à droite et de haut en bas, sur les images :
- Touriste au palazzo Barberini à Rome
- Touriste contemplant la vue depuis le Capitole
- Touriste prenant un selfie aux Musées Vatican
- Touriste très élégant dans l’amphithéâtre de Pozzuoli
- Touristes sur le forum romain
- Groupe de touristes chinoises et absurde lancer de bébé à Milan
Si ces photos et ce voyage vous ont plu, vous pouvez me suivre sur Instagram où je poste plus ou moins régulièrement des photos 🙂
Le sauté de bébé est mythique ! Tu m’as fait ma journée 🙂
J’espère sincèrement pouvoir, moi aussi, retourner dans ce beau pays qu’est l’Italie, avec quelques touristes en moins, ça ne ferait pas de mal. Voyager moins mais mieux, c’est tout à fait ça.
Merci pour ton partage. Ça fait plaisir d’avoir des nouvelles de ton pays de cœur. Je n’y suis allée qu’une fois en terminale pour un voyage scolaire et chaque année l’envie de m’y rendre est plus présente. J’espère pouvoir tenter en 2021 une belle découverte en mode slow travel.
Le tourisme de masse nuit à l’immense patrimoine architectural et artistique de l’Italie ainsi qu’à l’environnement. Comment ce pays qui se relève toujours de toutes les crises abordera-t-il ce problème dans la vie d’après ?
grazie mille per le notizie e le belle fotos. vorrei andare a italia subito….