Photo de couverture : L’arrêt de vaporeto Chiesa, à Sant’Erasmo
J’adore faire des photos et en même temps, je déteste ça. Depuis que je suis journaliste de voyage, je produis beaucoup d’images. Quand j’explore une destination pour Direction Italie, je n’arrête pas d’appuyer sur le déclencheur. J’adore imaginer les jolies images imprimées sur le papier glacé. Mais parfois, je déteste : la lumière n’est pas bonne, l’appareil photo est lourd, je dois gérer une interview en même temps… du coup, quand je suis en vacances, je fais beaucoup moins de photos que quand je voyage pour le boulot. Et quand j’en prends, je photographie plus volontiers les herbes folles, les maisons bizarres ou des détails dans le paysage. J’aime le décalage, le naïf, l’un peu raté. La mise au point qui tombe pas là où elle devrait.
Ce type de photos un peu décalé par rapport à la carte postale touristique m’avait déjà inspiré deux articles. D’abord, on était parti dans le Sud profond, celui de la canicule et des jeux sur la plage, de l’ennui aux heures chaudes. Puis on avait exploré le Nord-Est, touché la frontière avec la Slovénie et fondu notre mélancolie dans les bleus de l’Adriatique en automne.
Cette fois, dans une odeur d’algue et de sel, on débarque à Sant’Erasmo, dans la lagune de Venise. J’y ai passé une semaine de vacances en juillet 2021, dans une maison bleue, avec les hordes de moustiques, les petites grenouilles qui sortent des canaux la nuit, beaucoup d’étoiles et de balades à vélo.
Sant’Erasmo aux herbes folles
Les photos qui suivent ne sont pas toutes de moi – je n’étais pas seule pendant mes vacances 🙂 – donc j’ai indiqué l’auteur le cas échéant.
Photos ci-dessus (plante et mur orange) Luca Muntoni
Un long boulevard qui ne conduit nulle part
En vacances, on ne calcule rien. Pas même les heures brûlantes, où il serait mieux de se planquer sous un parasol, à ne rien faire, plutôt que de prendre son vélo pour explorer les alentours. Dans la poussière déserte de l’île, nous avons pédalé sur un boulevard infini, qui conduit aux confins de l’île, là où il ne reste plus qu’à faire demi-tour… ou à s’asseoir sur un banc, à l’ombre.
De sel et d’algues
L’arrêt flottant du vaporetto tangue mollement. Au passage d’une barque à moteur, les vaguelettes s’étirent pour venir lécher le quai et la barène, à quelques brasses de là. Un vapo par heure, patience. Il arrive. Son gros moteur diesel s’essouffle. Son tonnerre de machine nous berce, la vibration engloutit et la lagune défile. On part explorer d’autres îles, ou le Lido.
Les vacances sont finies depuis longtemps maintenant. L’objectif de mon appareil photo a lâché, en plein reportage, pouf, foutu. J’ai changé de modèle, et je continue à alterner les clichés de magazines avec les images qui de détails qui retiennent mon attention, hors du champ de la photo purement touristique.
PS : petite info pratique si une nuit à Sant’Erasmo vous tente, l’hôtel où nous avons dormi s’appelle B&B Lato Azzuro (lien non-sponsorisé).
« avec les images qui de détails qui retiennent mon attention ».
N’y aurait-il pas un « qui » surnuméraire dans cette phrase…? 😉