Jour 19 du calendrier de l’avent, il est temps de vous parler d’un mot italien, ou plutôt d’un néologisme saisonnier : il cinepanettone. Vous connaissez sûrement le panettone, spécialité milanaise de Noël désormais célèbre en France. Le cine-panettone, c’est tout simplement un film qui sort au moment de Noël. Une comédie grand public, destinée à remplir les salles et à repasser à l’infini sur le petit écran à chaque fin d’année.
Personnellement, je n’ai jamais été trop attirée par les cinepanettoni. Il y en a sûrement des bien (au moins un ou deux), mais je les ai toujours boudés au profit de comédies italiennes « normales », non dictées par le calendrier de Noël. Je confesse aussi que je déteste les films de Noël (et les chansons de Noël, sauf celles d’Anne Sylvestre).
J’ai donc eu envie, aujourd’hui, de vous proposer quelques uns des films italiens qui me font rire à tous les coups. Parce que pour beaucoup, les vacances de Noël approchent et avec elles, l’envie de se blottir sous un plaid, de manger des chocolats en regardant des trucs drôles. Et on peut aimer cette activité saisonnière sans pour autant souhaiter se vautrer dans les cinepanettoni et autres films de Noël.
Voici donc mes propositions : attention, pas mal de vieux films et beaucoup d’Alberto Sordi. Certains sont dispo sur youtube, en italien ou en français : je vous mets les liens, autrement, ils sont peut être à la médiathèque de votre ville !
Johnny Stecchino, Roberto Benigni, 1991
Selon moi, Roberto Benigni donne tout dans ce rôle. Sens du quiproquo, inadeguatezza (inadéquation), bégaiement et personnage farfelu. C’est l’histoire de Dante, conducteur de bus, homme timide et voleur compulsif de bananes. Un jour, il rencontre une femme et découvre qu’il a un sosie : le mari mafieux de celle-ci. Il se retrouve alors au centre d’une farce absurde, à Palerme, dans la peau du personnage de son sosie mafieux qui doit, lui, rester planqué. Le film est en italien sous-titré en anglais sur youtube :
Le pigeon (i soliti ignoti), Mario Monicelli, 1958
J’ai vu ce film à 17 ans, sans savoir que je vivrai un jour en Italie et je l’ai trouvé irrésistiblement drôle. Tout me fait rire, des situations grotesques à la gestuelle des acteurs, en passant par la gouaille du parler romain.
L’histoire raconte la préparation du casse du siècle par un groupe de petits malfrats minables. On pourrait résumer l’intrigue à cette phrase, car ça n’est pas tant le scénario qui rend ce film formidable, mais les dialogues et le jeu des acteurs, profondément comiques. Avec quelque chose de pathétique et de très humain comme le cinéma italien de ces années là sait si bien l’exprimer. Encore un film entièrement sur youtube, en italien :
Larmes de joie, risate di gioia, Mario Monicelli, 1960
« Et si on passait le nouvel an ensemble cette année encore ? Ça nous a porté bonheur !
– Bonheur ? J’ai jamais vu une année pareille »
Toto et Anna Magnini, malgré les réticences de la seconde, passent le nouvel an ensemble. Les deux amis passent d’une soirée à l’autre au fil d’une longue errance dans Rome. De fête en réception, ils ne semblent jamais trouver leur place et se laissent porter par les événements, de la piazza Repubblica à l’EUR. Un très beau film à voir cette année alors que notre réveillon du jour de l’an est plutôt compromis.
Le vacanze intelligenti, Alberto Sordi, 1978
Remo et Augusta Proietti sont un couple de romains qu’on pourrait qualifier de grezzi (un terme difficile à traduire, un peu « bruts de décoffrage »). Leurs enfants, qui étudient à l’université et aimeraient bien que leurs parents deviennent un peu plus raffinés, leur organisent des vacances intelligentes. Direction Venise et la Biennale, avec un arrêt sur la route pour découvrir l’histoire des étrusques et commencer un régime plus strict.
Il Decamerone, Le Décaméron, Pier Paolo Pasolini, 1971
Inspiré de certaines nouvelles du Décaméron de Boccaccio, le film de Pasolini est une succession d’épisodes farcesques et provocateurs, inscrits dans une Naples médiévale vaguement onirique. Sexe au couvent, humour scabreux, ce qui fait de ce film une réalisation magistrale est le talent du regista qui donne une portée plus profondes à des épisodes triviaux.
Je ne peux pas inclure la vidéo ici car son contenu n’est pas accessible aux mineurs, je vous mets donc le lien vers youtube (version complète en italien).
Lo scopone scientifico, L’argent de la vieille, Luigi Comencini
On retrouve Alberto Sordi dans le rôle de Pepino, un pauvre hère de la banlieue de Rome. Chaque année, avec sa femme Antonia (Silviana Mangano), ils attendent le retour de « la vieille », espérant gagner au jeu contre elle et changer leur train de vie. Ce film plaira aux amateurs et amatrices de la scopa, jeu de cartes populaire dans toute l’Italie.
Adua et ses compagnes, Adua e le sue compagne, Antonio Pietrangeli, 1960
Je termine avec ce film formidable, même si ça n’est pas tout à fait une comédie. Adua et ses compagnes se passe en 1958, lorsque la loi Merlin ordonne la fin des maisons closes en Italie. Elles quittent alors leur bordel de Monti et décident d’ouvrir une trattoria de campagne. Au rez-de-chaussée, une activité de restauration, et à l’étage, quelques chambres pour les passes. Une reconversion professionnelle et un changement de statut compliquées pour des femmes que la société met au ban, et à qui on refuse la possibilité d’une autre vie. Je n’ajouterai qu’un seule chose : Simone Signoret est grandiose en meneuse de ce groupe de femmes.
Le film est disponible à la location sur youtube (en italien)
Je vous laisse, n’hésitez pas à me conseiller vos comédies préférées ou vos cinepannettoni incontournables ! A domani 🙂
Revoir les cases des jours précédents :
1er décembre – L’église de San Zaccaria, à Venise
2 décembre – L’île vénitienne de San Pietro di Castello
3 décembre – Le mot circumnavigare
4 décembre – La recette de la cacio et pepe
5 décembre – Un de mes films italiens préférés, Il Marchese del Grillo
6 décembre – L’île de San Francesco del Deserto dans la lagune de Venise
7 décembre – Procida et sa crèche, le monde en miniature
8 décembre – Les enseignes de Venise avec Andrea Carrer
9 décembre – Recette : les pâtes au chou-fleur
10 décembre – Vicence et le Teatro Olimpico
11 décembre – La première bouchée de parmesan et autres crimes minuscules
12 décembre – L’Italie en Podcasts
14 décembre – En Italie, les sapins sont bavards
15 décembre – Civita di Bagnoregio, le village dans le ciel
16 décembre – Palazzo Barberini à Rome, l’émerveillement
17 décembre – Orsoni, Venise en couleurs
Le cinéma italien des années soixante soixante-dix on n’a pas fait mieux. En + de tout Fellini il y avait Scola avec Nous nous sommes tant aimés, Affreux sales et méchants, il était aussi scénariste du Fanfaron film génial bien que moins drôle avec Trintignant et Gassman acteur formidable. Là j’arrête sinon j’y passe la nuit !
Excellents conseils, j’en ai vu certains que vous citez, merci !
Merci pour ces conseils de visionnage sur le net. je connais presque tous ces films Adua et ses compagnes est un chef d oeuvre, moins drôle que les autres cites. Bientôt la fin du calendrier… En attente de pépites italiennes en tout genre.
La Terrasse (La terrazza) film franco-italien d’Ettore Scola sorti en 1980.
Avec Marcello Mastroianni, Ugo Tognazzi, Vittorio Gassman, Serge Reggiani, Marie Trintignant.
Un film qui donne envie de connaitre les terrasses italiennes et leurs soirées, notamment celles de Rome.
Grazie ! Au coeur de la pandémie et de l’hiver, ces deux mots, soirées et terrasses, font terriblement envie…
Salut Lucie, et bon 2021 (on espère tou.te.s),
Excellente sélection!
Comme tu as mentionné le film de Pietrangeli, je me demandais si tu connaissais « Io la conoscevo bene », un véritable bijou, complètement ignoré et oublié aujourd’hui
Buon anno Dario!
Merci pour ce conseil, non je ne connaissais pas ce film, je vais le chercher.