Nous sommes le 20 décembre, case 20 du calendrier de l’avent. C’est bientôt la fin, il fait froid et gris à Padoue. En feuilletant mes photos de septembre, j’ai eu envie de vous parler aujourd’hui d’un mot italien assez peu répandu : la malga. L’avez-vous déjà entendu ? Si vous avez passé des vacances dans les Alpes italiennes, c’est bien possible.
La malga, le malghe (pl), n. f.
J’ai entendu ce mot pour la première fois en septembre, quand j’étais en reportage dans le Sud Tyrol – ou Alto Adige. Walter me précédait sur le sentier. Nous marchions depuis une petite heure, pour compléter le tour des Tre Cime, triple sommet spectaculaire des Dolomites. De son bâton de marche noueux, il m’a indiqué, au loin, une cabane en pierre. « Tu vois la malga là bas ? C’est notre prochaine étape », dit-il avec un léger accent germanique.
Donc, une malga, c’est une grosse maison de pierre perdue en altitude, où on peut boire de la bière, pensais-je. Le lendemain, au petit déjeuner de l’hôtel, on me propose du beurre de malga. C’est délicieux. Sûrement un produit fabriqué dans une malga, déduis-je.
En consultant le dictionnaire, j’ai ensuite découvert que ce mot un peu fourre-tout pouvait désigner une grande variété de réalités.
La malga, selon le dictionnaire français italien, c’est l’alpage. En réalité, ce terme d’origine prélatine désigne l’ensemble de l’écosystème de l’alpage – animaux, ruisseaux, mares, pâturages, bois etc – ainsi que l’ensemble des constructions humaines – cabanes en bois ou en pierre, étables, abris pour les vachers et les bergers.
Le Sud-Tyrol, une région et une multitude de langues
On l’a dit, le terme de malga est d’origine prélatine. Bien que je n’aie pas trouvé d’étymologie complète, c’est ce qu’indiquent toutes les sources. Il côtoie le moti alpaggio, l’alpage, dont je ne m’aventurerai pas à exposer l’étymologie (gauloise ? Celte ? Indo-européenne ? Les spécialistes semblent divisés).
Dans la région des malghe, plusieurs langues se côtoient. Car l’Alto-Adige, en allemand Süd Tyrol, n’a rejoint l’Italie qu’après la première guerre mondiale. On y trouve donc 70% de germanophones, 26% d’italophones et 4%… de locuteurs du Ladin. Il s’agit d’une langue romane qui serait née avec la conquête romaine, par absorption du latin dans le dialecte local. Dans les vallées les plus reculées, on le parle encore, avec au moins sept variantes dialectales.
Sources : sur le terme de Malga, outre le dictionnaire Treccani, ce site. A propos des langues parlées dans le Süd Tyrol, le document This is Süd Tyrol, datant de 2016.
A demain !
Revoir les cases des jours précédents :
1er décembre – L’église de San Zaccaria, à Venise
2 décembre – L’île vénitienne de San Pietro di Castello
3 décembre – Le mot circumnavigare
4 décembre – La recette de la cacio et pepe
5 décembre – Un de mes films italiens préférés, Il Marchese del Grillo
6 décembre – L’île de San Francesco del Deserto dans la lagune de Venise
7 décembre – Procida et sa crèche, le monde en miniature
8 décembre – Les enseignes de Venise avec Andrea Carrer
9 décembre – Recette : les pâtes au chou-fleur
10 décembre – Vicence et le Teatro Olimpico
11 décembre – La première bouchée de parmesan et autres crimes minuscules
12 décembre – L’Italie en Podcasts
14 décembre – En Italie, les sapins sont bavards
15 décembre – Civita di Bagnoregio, le village dans le ciel
16 décembre – Palazzo Barberini à Rome, l’émerveillement
17 décembre – Orsoni, Venise en couleurs
18 décembre – Joker ! La recette des esse de Burano
19 décembre – Sélection ciné en alternative aux cinepanettoni
Pour moi qui écris en ce moment un bouquin sur les Alpes, quelle pépite que ce mot, merci, tu m’as donné envie d’y retourner et de creuser encore ce petit joyau d’univers ❤️ Merci !!
J’ai pensé à toi en écrivant cet article 🙂
Le ladin est tellement vivace dans cette région que même certains restaurants d’altitude affichent des menus dans les 3 langues : italien, allemand et ladin.
Ah oui je n’ai pas eu l’occasion d’en voir ! Merci pour l’anecdote 🙂